mercredi 28 février 2007

Nuit de noces sur le Rhin

Quelques jours avant mon mariage, ma belle-soeur nous a offert notre cadeau: une nuit au bateau-hôtel L'Elégant, à Strasbourg. Passer notre nuit de noces sur l'eau, entendre le clapotis des vagues, sentir le mouvement de balancier du bateau; quel romantisme!!! Mon homme me dit qu'il aimerait beaucoup que je lui fasse la surprise de porter un nouvel ensemble de lingerie. Je vais donc le magasiner en cachette dans une belle boutique, et tout le long du mariage je pense à ma hâte d'être seule avec mon amoureux!!!

Petite réception chez nous entre les vaches et les champs de maïs! On a fait une sélection de musiques sur l'ordinateur et les speakers sortent par les fenêtres, animant ainsi la quinzaine de personnes présentes à notre mariage. Parmi quelques musiques style party d'été, nous avons glissé Le clito, de RBO. Et à chaque fois qu'elle joue, nous nous regardons, et après un petit clin d'oeil nous essayons de voir si quelqu'un réagit. Grande déception! Au lieu de créer une grosse rigolade légèrement outrée, la chanson passe dans l'indifférence générale. Ma belle-soeur seule s'est aperçue de quelque chose.

Je passe beaucoup de temps au téléphone. J'appelle ma famille pour lui dire que je me suis mariée, que c'était bien et que je m'en vais passer une nuit de noces sur le Rhin!!!

Comme la seule jeune femme célibataire est âgée de 8 ans, nous allons déposer mon bouquet sur la tombe de mon beau-père. Moment qui m'a considérablement émue. J'ai beau être athée, voir l'homme que j'aime fleurir la dernière demeure du père qu'il a à peine connu... Le faire participer d'une certaine façon à ce bonheur, j'ai trouvé ça très attendrissant... Je le voyais presque, cet homme décédé plus jeune que ne l'était mon mari le jour de notre mariage... Souriant, gentil, aussi sage que le sont toujours ceux qui ne sont plus là pour avoir des défauts.

Il est tard lorsque nous arrivons à l'hôtel. Un homme nous amène à notre cabine. "C'est ici!" "C'est vraiment ça, mais c'est que nous sommes deux..." "Oui, c'est une cabine pour deux!" "Ah bon, merci, alors!" Nous entrons, je dépose mon sac sur le minuscule lit; il faut lui donner ça qu'il est plus grand qu'un lit simple. Un grand lit simple, peut-être! Je sens que ma lingerie rougit sous ma robe... Ahem! "Tiens, regarde! Il y a une toilette juste à côté du lit." "Ah oui, tiens donc! Et la douche est au-dessus, tu crois qu'on prend la douche assis sur la toilette?" "Non, il y a un tout petit rideau. Quand tu le tires, il cache en partie la toilette."

Pour tempérer un peu notre joie, nous décidons d'aller prendre un verre. Malheur, tout est fermé. Le serveur nous dit que si nous acceptons de nous contenter d'un café, il veut bien nous l'amener, mais il ne faudrait pas qu'on reste trop longtemps, hin, hin, hin!!! On opine, histoire de ne pas avoir eu en cadeau une nuit sur le Rhin sans même avoir pris un café à bord!!! Le serveur est gentil, il a passé deux ans au Québec mais son contrat de travail fini, il a dû revenir. Il voudrait y retourner, ouin, ouiiiin... Comme je m'entendrais bien avec lui aujourd'hui!!! Je pense que je vais tenter de le retrouver.

Après le café, nous redescendons, heureux tout de même de se retrouver ensemble tous les deux, mariés, amoureux et remplis d'espoirs et de projets pour l'avenir. Une fois dans la cabine, nous l'examinons et rions de ce qu'elle est vraiment faite pour une personne! Ou alors pour deux jeunes qui ne dorment pas du tout, mais nous avons plus de trente ans; après avoir très intensément et avec beaucoup de plaisir rempli notre devoir conjugal, nous aimons bien dormir quelques heures et là, si on étend les jambes elles sortent du lit; et si on les plie on est vraiment trop serrés. Il ne faut pas oublier qu'on est l'été!!!

La nuit, tout est silencieux dans un bateau... Ah ah!!! C'est pas vrai! Il y a des grincements métalliques, des gens qui marchent vite et fort! On se réveille! "Où est-ce qu'on est??? Ah oui, on est en train de profiter de notre nuit de noces!" "Et c'est quoi ce bruit?" "Je sais pas, c'est un bateau... J'ai envie de chier..." "Mais j'ai la face à côté de la toilette!" "Hi hi, c'est pas vrai! C'était pour te faire peur..."

Le lendemain matin, on rentre à la maison sans petit-déjeuner, sans douche. On regarde Moulin Rouge dans notre lit, en grignotant des restants du party de la veille. On rigole en s'imaginant ce qu'on va bien pouvoir dire à ma belle-soeur quand elle nous demandera "Comment c'était, l'Elégant?".

lundi 26 février 2007

Natzweiler-Struthof: Un camp de la mort en France

Le camp de concentration nazi de Natzweiler-Struthof est enfoui au coeur des Vosges. C'est le seul camp de concentration français, et ce n'est pas un hasard s'il se trouve ici, en Alsace.
Ce baraquement, qui est un des seuls à ne pas avoir été brûlé par des négationnistes, est à l'image de la dizaine qui se dressaient dans le camp et qui abritaient les dortoirs.
Les fameux miradors abritant les gardes armés tirant sur tout ce qui bougeait...
Le gibet où furent pendus des centaines de détenus
Le Struthof était un camp d'expérimentation humaine. On y faisait des expériences de greffes, de gaz mortels, d'acides ou autres substances corrosives. Une lettre d'un médecin du camp demandait à un autre à Strasbourg de lui faire parvenir 50 femmes en bonne santé pour continuer ses recherches puisque les 50 précédentes n'avaient pas survécu au traitement.
Le four crématoire qui fonctionnait parfois jour et nuit. C'est à côté de celui-ci que furent exécutés bon nombre de français, luxembourgeois, hollandais, norvégiens, etc. faisant partie de réseaux de résistance. Des centaines d'alsaciens également qui refusaient de s'incorporer dans l'armée allemande; sans compter les juifs qui succombèrent par milliers.
Visiter ce camp est une expérience enrichissante mais difficile. Comme les visiteurs que nous recevons veulent souvent y aller, je m'y suis rendue plusieurs fois. A chaque fois le coeur serré, parcourant ces horreurs, lisant des descriptions, contemplant des photographies d'êtres humains aux yeux fous de désespoir mais horriblement résignés...

On y retrouve également des lettres, des ustensiles de cuisine, des uniformes offerts par d'anciens déportés désireux d'entretenir, "d'enseigner la mémoire".

samedi 24 février 2007

Colmar

Quelques photographies de Colmar, sa petite Venise, son architecture alsacienne...




Araignée du matin

Elle était là, tapie dans un coin de ma chambre, me narguant d'un oeil que je ne pouvais voir mais que j'imaginais sournois et suintant de méchanceté. Son petit corps, ses longues jambes d'anorexique narguaient mes bourrelets. La voyeuse!!! Dans ma chambre! Et depuis combien de temps?

N'écoutant que mon immense courage, je hurlai le nom de mon grand, lui conseillant de se munir d'une chaussure, d'un mouchoir et d'un balai. Il arriva armé et suivi d'une foule de deux que j'installai sur mon lit et qui ne se priva pas de commenter le spectacle; je les priai de se taire, estimant que la situation dramatique que nous vivions ne se prêtait pas à cette légèreté de parole; rien n'y fit.

Je montai donc sur le lit, debout et armée du balai. La foule derrière moi me dispensait ses encouragements et mon fiston avait charge de se tenir prêt, la chaussure à la main, à passer à l'offensive dès que la harpie nous attaquerait.

La bataille fut longue et pénible mais se solda par notre victoire. La cruelle prit promptement le chemin des égouts, enveloppée dans un linceul de papier.

Paix à son âme...

vendredi 23 février 2007

Déjà...

J'ai attendu avec impatience vos premiers mots, vos premiers pas... Vos premiers sourires, vos premiers gestes... Je vous ai caressés, embrassés, serrés dans mes bras de mère; je me suis parfois trompée, je vous ai parfois perdus, au nom de ce que je croyais bien. Grossesses, accouchements, césarienne... Régimes, couches, biberons... Apprentissage de la parole, de la marche, entrée à l'école... Câlins, caresses, bisous mouillés, baveux, morveux... Partage du biscuit plein de salive, doigts collants dans les yeux... Devoirs, copains, bagarres... Fugues, inquiétudes, cigarettes, éveil à la sexualité...

Avec vous, j'ai déjà vécu tout ça. Dix-sept années d'apprentissage, de succès et d'échecs... Ma grande a connu la maman nonchalante très jeune, insouciante, patiente... Ma petite connaît maintenant la maman prudente, craintive, organisée... Entre vous, mes deux filles, je n'ai pas vu le temps passer; portée par ce tourbillon à la fois heureux et malheureux, par cette averse d'expériences diverses qui forgent un devenir, une personnalité...

La roue a continué de tourner pendant que je regardais ailleurs... et tout à coup, une petite ride, quelques cheveux blancs... Déjà! Comme le temps passe vite!!!

jeudi 22 février 2007

Vivement l'été, mais...

N'oubliez pas de ranger la crème solaire!!!
 

Il fait beau

Les volets sont ouverts, l'air frais entre à flots et ça sent bon!!! Les grands sont à l'école, la petite joue dans sa chambre... J'ai le coeur tout plein de pensées amoureuses pour cet homme aux yeux bleus qui me donne tant. Les pièces de notre appartement résonnent de nos rires complices, de nos tendres sourires, de nos caresses... L'heure de casse-tête que l'on s'accorde qui devient souvent une heure trente, deux heures... Nos clopes du soir, nos émissions connes... Nos projets, nos envies, notre vie...

Je t'aime!

mercredi 21 février 2007

La reine et les indiens

L'ancien patron de mon mari, qui avait plusieurs fois visité le Québec, à son fils:

-- Au Québec, il y a deux taxes. La TPS et la TVQ. Il y en a une pour la reine, l'autre pour les indiens.

Suis-je normale?

Pour ceux qui sont partis du Québec depuis plusieurs années et qui n'y sont pas retournés, par choix ou par obligation, est-ce que vous êtes devenus encore plus québécois? Ou le contraire???

La tourtière, le ragoût de boulettes, les biscuits à la mélasse, la tire éponge, la tarte aux pacanes... Rien de tout ça ne se retrouvait souvent dans mon garde-manger! Et quand je suis arrivée ici, ça ne me manquait pas, puisque je n'en étais pas particulièrement friande. En fait, à part le beurre de pinottes, trop cher dans les supermarchés (3 euros pour 350 grammes), rien ne me manquait vraiment niveau bouffe. Je suis maintenant désespérée, je fais des recherches sans fin dans le but de dénicher les produits utilisés au Québec. Et quand j'en trouve, c'est comme si on m'avait offert un gros, gros cadeau!

L'été passé, marché aux puces à Wasselonne! Je m'arrête devant une paysanne vendant des épis de maïs à manger! Par des humains! J'étais tellement émue, j'en avais les larmes aux yeux. J'en ai acheté 10 et on les as mangés en arrivant à la maison. Ils étaient plutôt pâteux, mais c'étaient mes premiers épis, et l'imagination m'a beaucoup aidée à les trouver bons! Mon chum n'a pas du tout aimé, mais bon lui, il n'avait pas le souvenir!

Quand j'ai de la visite, on m'amène des sachets de sauce à poutine; je fais mon beurre de pinottes et j'ai même trouvé des biscuits Feuille d'érable une fois dans une semaine canadienne au supermarché.

Sinon, je trouve beaucoup de choses en Allemagne, influence des américains d'après-guerre aidant! Fromage Philadelphia, Havarti, cottage, sauce chili, cornichons sucrés... Après qu'une personne sur Marmiton m'ait conseillé d'y aller, j'ai fait un saut au Wal-Mart à Freiburg-im-Bresgau, environ une heure de route de Strasbourg.

En plein milieu d'une allée, attentive à tout, j'entends: "Où c'est qu'y est, don', l'fromâââge..." Le coeur se met à cogner fort, mes jambes ramolissent... Je me dirige vers mon homme. Tout bas: "Alex, la madame, là... C't'une québécoise..." "Va lui parler..." "Mais je lui dis quoi???" "Ben je sais pas, parle-lui!" Je n'ose pas, je suis gênée... Peur de me faire répondre: Et après? Alors je commence par le plan A. Je vais pas trop loin, et je lance quelque chose à mon mari avec mon gros accent, légèrement exagéré. Pas de réaction notable. Donc, ou bien elle s'en fout, ou bien elle n'a pas entendu. Je me dis Tant pis, et je pars. Mais mon homme, me connaissant bien, a placé son chariot de façon à me coincer près de cette dame. Je me sens rougir et je décide de me lancer. "Pardon, madame, vous êtes québécoise? J'aimerais savoir si vous avez trouvé des produits de chez nous..." Ouf, elle m'a parlé... Et en revenant, j'étais dans un état!!! Je regarde mon mari, je vois ses yeux pleins d'eau devant mon émotion, la situation...

Je sais qu'il donnerait beaucoup pour qu'on parte tous ensemble vers mes racines. Je sais qu'il souffre de me voir fondre comme ça devant des niaiseries. Pourquoi je ne suis pas arrivée à faire mon foyer de ce pays? A me sentir chez moi? L'épouse d'un ami de mon mec:"Pourquoi tu dis "chez moi" quand tu parles du Québec? Chez toi, c'est ici! C'est fini, ça!"

Mon fils de 9 ans, né au Québec et arrivé à 4 ans, parle avec plus d'accent alsacien que mon mari. A cet âge-là, c'est facile! Je souhaite très fort que ce blog m'amène tranquillement à accepter ce pays comme le mien, au lieu d'être constamment en révolte. Déjà le fait d'avoir une certaine communication avec des québécois, c'est génial! Je laisserai le temps au temps!

mardi 20 février 2007

On m'a déjà dit...

- Vous venez du Sud? Vous avez l'accent du Sud!

- Vous au Québec, c'est vrai que vous parlez en vieux français?

- Dis "bonjour" en québécois!

- Comment on dit "lait" en québécois?

- Ah vous, les américains, avec votre Bush...

- Vous parlez bien français pour une canadienne. Vous l'avez appris comment?

jeudi 15 février 2007

Le grand Nord montréalais

"Ah, il fait froid ce matin! Mais vous, vous êtes habituée, il fait froid au Canada!"

Voilà ce que j'entends à chaque matin d'hiver ou presque, du moins lorsque le thermomètre descend sous les 5 degrés.

Oui, il fait froid, au Québec! Je me rappelle de mon enfance passée en Abitibi, de ma mère qui insistait pour qu'on sorte jouer dehors! On disait non, mais une fois qu'on y était, on ne voyait plus le temps passer.

Monter sur le toit et sauter dans la neige, jouer à s'enneiger chacun son tour et ce petit instant de délicieuse crainte au moment où on doute de s'en sortir; devoir rester, de la neige jusqu'au cou, jusqu'au printemps à attendre le dégel. Sauter dans la neige, en avoir jusqu'à la taille, et devoir y laisser ses bottes. Revenir à la maison les pieds froids et mouillés, la peur de se faire engueuler, et le picotement dans les orteils, les doigts et les oreilles lorsque la chaleur revient...

Le foulard qu'on porte devant la bouche, dans lequel on respire et qui se mouille de l'air chaud expiré avant de durcir et de ne revenir à la normale qu'après avoir séché sur le calorifère tout plein de nos vêtements d'hiver.

C'est du froid, du vrai froid! Mais il suffit d'être bien habillé pour en profiter, contrairement aux hivers d'ici où, à part quelques belles journées froides mais sèches, il y a toujours cette humidité qui s'infiltre dans les vêtements les plus chauds, et quel que soit le nombre de couches. C'est bien dommage qu'on n'ait aucune idée du facteur Humidex, ou de la température ressentie;  je suis certaine qu'il y a des journées beaucoup plus froides que ce que nous dit le thermomètre.

Le brouillard à tous les matins, la petite bruine qui mouille tout, la pluie, la pluie, toute cette pluie!

Par contre, ce matin, le clocher de l'église transperçait la nappe de brouillard et paraissait sortir de nulle part, flotter dans le ciel tout gris. C'est beau, vu du dedans!

mercredi 14 février 2007

Soyons positifs!

S'il est vrai que j'ai beaucoup de mal avec les gens en Alsace, que je n'ai rencontré personne pour qui j'ai envie d'être davantage qu'une connaissance et que je ne peux être moi-même sans scandaliser la population locale, il y a quand même des choses dont je m'ennuierais si je rentrais au Québec, ou en tous cas des souvenirs que je me remémorerais avec beaucoup d'émotions.

Avant d'arriver ici, je n'avais jamais vu de cigognes. Quand je suis arrivée, il y a plus de 4 ans, j'habitais la campagne et comme je ne conduis pas je devais accompagner mon fils de 5 ans à l'école à pieds en passant par les champs. C'était loin, et aller retour je mettais près d'une heure. Quand il faisait beau, je marchais lentement dans le calme. Un peu avant huit heures, la journée de travail commençait à peine et il n'y avait que quelques personnes en train de cueillir des laitues, quand c'était la saison. Un matin, une ombre s'est dessinée sur nous et une cigogne s'est posée à moins de deux mètres de mon petit bébé en poussette et de moi. Je me suis immobilisée; de toutes façons elle nous barrait la route. On l'a regardée, elle aussi; et puis elle est sortie de la route en marchant, pas craintive, et est allée fouiller l'herbe sur les côtés. Moi qui avais vécu à Montréal la plus grande partie de ma vie, j'avais les larmes aux yeux de tant de beauté, je me sentais tout à coup en communication avec une nature que je n'avais jusque là approchée que pour me plaindre du froid ou des bibittes.

Je ne connais pas tellement les autres endroits en France, mais en Alsace, il y a des fleurs partout. Les propriétaires fleurissent et entretiennent leurs terrains, mais pas seulement; les maires accordent une bonne partie de leur budget à l'aspect esthétique de la municipalité. Dépendamment de la période de l'année, rosiers, lavande, pensées et tulipes embellissent les rues. Je trouve que ça a un charme fou!

Il y a, dans mon village, un bois dans lequel on retrouve une quantité d'arbres creux. Des vrais, des gros, qu'on dirait morts mais qui possèdent encore quelques feuilles au bout de leurs drôles de branches toutes tordues. Un druide en sortirait que je n'en serais pas particulièrement étonnée. J'y vais rarement parce qu'avec la marmaille les chemins ne sont pas tellement pratiques, mais c'est un des premiers endroits où j'emmène ma visite.

Le matin, j'ouvre mes volets et comme j'habite au dernier étage d'un immeuble, je vois tout le village en avant, et les Vosges sur ma droite. Quand le ciel est bien dégagé, je vois même la Forêt Noire à gauche. Je n'ai jamais eu une aussi belle vue de chez moi. Les couchers ou les levers de soleil y sont magnifiques.

Il ne manque qu'une bonne Bleue Dry pour profiter de tout ça!!!

mardi 13 février 2007

Québec de mon coeur

Par amour, j'ai quitté mon pays, le Québec, pour m'établir en France. Je voyais la France comme un pays un peu différent pour ce qui était de l'ouverture d'esprit, ou des femmes, mais en même temps plein de richesses, de gaieté, d'histoire. Je suis tombée de haut; de très, très haut.

Moi qui avais l'habitude de prendre une bière avec des amies, de parler des livres, des films, de l'actualité... De tout, quoi! D'aller au restau au moins une fois par semaine, de parler de ce que je voulais, quand je le voulais et d'utiliser les mots dont j'avais envie sans que personne ne s'offusque trop. Les femmes que je fréquente ici ne parlent que de ménage, de cuisine et des enfants; les hommes parlent boulot. Comme je n'ai pas réussi à travailler mais que j'ai eu des enfants depuis mon arrivée, ça semble couler de source! Mais non! Qu'est-ce que c'est que cette éternelle béatitude devant les enfants et le travail qu'on fait pour eux??? Chez moi, je les vois à tous les jours, je m'en occupe tous les jours, je leur fais à manger tous les jours, trois fois par jour!!! Je n'ai pas envie que mes seuls moments de loisirs se passent à en parler en plus!!!

Depuis mon arrivée, je n'ai pas eu une seule fois une conversation intéressante, à part avec mon mari, à propos d'autre chose que la routine de lavage, ménage, popote et bébés. J'ai eu des critiques, par contre. Je ne faisais pas la poussière assez souvent, ni les sols que j'aurais dû faire trois fois par semaine, dixit ma belle-mère; je ne repassais pas assez, mes repas n'étaient pas bons et tout le quartier savait si je n'avais pas sorti les poubelles à temps ou si je n'étais pas allée chercher le courrier.

Je me suis rebellée au départ, mais en même temps je me disais que comme je ne travaillais pas je pouvais faire un effort de mon côté. J'avais travaillé beaucoup les dernières années et c'est vrai qu'au niveau du ménage et de l'entretien j'étais un peu négligente. C'est vrai aussi que j'avais un sèche-linge au Québec qui me repassait gentiment comme un grand tous les vêtements que je lui offrais. Je n'avais pas, il est vrai, une grande expérience de cuisine et on ne me l'avait pas montré. Et puis c'était moi qui étais partie, et à Rome on fait comme les romains, n'est-ce pas???

Je me suis tellement enterrée d'un fatras de tâches ménagères que je ne vois plus rien d'autre. Je ne parle plus de rien d'autre non plus car je n'ai plus d'autre vie. Une chance que j'ai mon homme, car il est la seule personne en dehors de mes enfants qui s'intéresse à ce que je suis; qui me laisse m'exprimer comme je veux, qui me dit qu'il s'en foutrait que le ménage ne soit pas toujours bien fait, ou de manger souvent des sandwiches ou des pâtes.

Mais il a beau faire, je ne me retrouve pas dans ces gens qui parlent bien, qui sourient, qui savent s'exprimer avec beaucoup de vocabulaire mais qui ne se lâchent jamais.

O mon Québec, il y a un homme politique ici qui a dit La France, tu l'aimes ou tu la quittes.

Je te jure, pays de mon coeur, que si un jour j'en ai les moyens, je la quitterai le coeur joyeux, ma famille en-dessous du bras et je ne jetterai pas même un seul regard en arrière!!!