mardi 28 avril 2009

Et c'est partiiii!!!!

Voilà, c'est officiel!!!

Le premier août, après 5 années passées à manquer d'eau chaude deux fois par année, nous quitterons enfin notre logement de crotte!!!!

Nous resplendissons de joie et de bonheur, nous avons envie de faire des folies, de nous teindre en blond platine, de nous vernir les ongles de rose fluo, de courir avec des semelles compensées jusqu'à nous en faire péter les chevilles... nous sommes joyeux, quoi!!!!!

C'est le moment de faire du tri dans nos bébelles amassées, de réviser l'importance de toutes ces petites choses qu'il fallait absolument garder il y a quelques temps...

Tous ces objets traînant au fond de pots que je n'ouvre jamais ont réussi à démontrer leur absence d'importance durant ces années et certains d'entre eux se verront reléguer dans des cartons marqués "souvenirs" qui resteront dans la cave et ressortiront lors de nos crises de nostalgie...

C'est le moment, surtout... de faire des boîtes!!!!

Et là, je n'ai pas mon emballeuse, préférée, mon Eveline à moi qui par le passé s'occupait de l'organisation stratégiquement efficace de l'intérieur de ces boîtes en carton qui devenaient des exemples de gain de place, qui n'avaient plus un millimètre entre les objets qu'elles contenaient pour contenir un insecte ou même une minuscule poussière, serait-ce un atome d'oxygène ou de coton...

Je foutrai tout pêle-mêle dans des cartons, je ne me rappellerai plus dans quelle boîte j'ai mis tel objet et nous passerons des heures à chercher l'ouvre-bouteille le soir de notre arrivée, en pleurant de fatigue, perdus que nous serons en regardant nos meubles en morceaux, quand tout sera à faire, les étagères à installer, les cadres à poser, les enfants à placer...

- Tiens Alex... si on mettait Olivier assis sur son lit avec un livre, et Jérémie tranquillement installé avec ses légos... et Nana, euh... Nana en train de regarder par la fenêtre... Là, comme ça!!!!
- Oui, c'est joli!!!
- On aurait toujours dû les placer ainsi!! Pas de course, pas de cris... comme c'est agréable!!

Et qui fera partie des chanceux qui viendront nous donner un coup de main??? Qui nous fera respirer avec bonheur la sueur qu'il ou elle nous offrira en échange de notre reconnaissance éternelle, d'une pizza et de quelques bières fraîches?

Ou alors qui aura l'insigne honneur de nous faire des dons importants afin de nous permettre d'engager des déménageurs et de rester là, les orteils en éventail, à les regarder s'escrimer à transporter un frigo sans bouger le petit doigt?

Eh bien... maintenant que c'est décidé... il me tarde d'y être...

dimanche 26 avril 2009

C'est moi le chef!!

Je vous annonce aujourd'hui en grande primeur que je serai bientôt, le premier mai plus précisément, la secrétaire en chef de l'entreprise d'Alex...

- Danielle, tu voudrais bien me corriger ce texte?
- Alex, regarde donc cette belle journée et dis-moi quelle date nous sommes...
- Le 26 avril?
- Eh oui... je n'ai donc pas encore commencé à travailler!!! Tu n'as qu'à laisser ton texte sur l'ordinateur et vendredi, je le corrigerai...
- On peut dire alors que tu es en formation...
- Formation payée combien?
- Formation pas payée?
- Tsss tsss!! Non, non!!! Déjà il faudrait que tu m'achètes du vernis à ongles!!!
- Hein??? Pourquoi faire?
- Parce que je suis secrétaire!!! Et as-tu déjà vu une secrétaire avec des ongles comme moi?? Non, non!! Il me faut de longs ongles rouges bien taillés!!! Et une lime, s'il-te-plaît!
- Mais je ne t'ai jamais vue te limer les ongles!!!
- Non, je les rongeais... mais je n'étais pas secrétaire! Et les clients, quand ils me verront...
- Mais les clients ne te verront pas!!!
- Ah non?
- Mais non!! Jamais personne ne te verra!! Tu seras dans l'ombre, un simple numéro...
- Aaaah...
- T'as même pas besoin d'être présentable!! Tout ce que tu auras à faire c'est de taper des factures et de les envoyer, de faire un peu de classement...
- Et si mes ongles sont trop longs et que je n'arrive plus à taper? Ou que je les prends dans les feuilles en les classant?
- Danielle, tes ongles, on s'en fout!!!
- Mais je serai secrétaire en chef, Alex!! Il faut que je sois à la hauteur d'une telle charge!!!
- Tu seras la seule secrétaire...
- Mais tu m'avais dit "en chef"!!!
- Pour te faire plaisir!!!!
- Alors je serai le chef de qui?
- De personne!!! Tu agiras de ton propre chef!! Voilà!!!
- Bon...
- Tu vois? C'est pas si épouvantable!!
- Oui bon... tu voulais pas que je te corrige une lettre?

mercredi 22 avril 2009

Jeux de mots, jeux du midi!

Les heures de repas sont des moments de paix - généralement - ainsi que l'occasion de discuter et/ou de jouer!!!

Nous jouons à deviner des personnages, à inventer des devinettes, au marché avec son petit panier, à nommer des animaux chacun son tour; bref nous avons bien du plaisir!!!

Les petits commencent à comprendre le principe et il est de plus en plus agréable de les faire participer!!

Nana: J'ai un personnage!!!!
Olivier: C'est un homme?
Nana: Oui!!
Mimi: C'est un enfant?
Nana: Non!
Moi: C'est un adulte?
Nana: Oui!
Mimi: C'est euh... Emilie?
Nana: Ouiiiii!!! Bravo Jérémie!!!

Oui, il y a encore quelques ratés...

Ou encore:

Moi: Qu'est-ce qui est orange, qu'on peut râper et faire de la salade avec?
Nana: Une pomme!!!
Moi: Ah bon... c'est orange, une pomme?
Nana: Non...
Mimi: Des carottes!!
Moi: Bravo, Mimi!!! A Nana maintenant!!
Nana: Qu'est-ce qui pousse?
Moi: Oui, mais...
Mimi: Une plante!!!
Nana: Non!!
Moi: Mais il faut que t'en dises un peu plus!!!!
Mimi: Une fleur!!!
Nana: Oui!!!!

Et moi... complètement à part, n'ai plus qu'à la fermer...

Eh oui, il y a encore bien du chemin à parcourir, mais j'aime beaucoup ces jeux qui leur affinent l'esprit, la mémoire, la curiosité, la fierté!! Faire des associations, analyser, déduire... ce n'est pas facile pour des petits, mais quand un midi on voit que le déclic s'est produit... ça fait vraiment très plaisir!!!

lundi 20 avril 2009

Les orteils sur la crête entre le gouffre et la montagne...

La crise nous a touchés...

... indirectement pour le moment, mais assez pour nous mettre devant un choix à faire...

... un choix important aux conséquences incertaines...

J'ai peur... et je suis pleine d'excitation...

Ce matin nous devons cesser les tergiversations, les hésitations... nous allons encore une fois au beau milieu des possibles, debout sur la concrétisation d'une incertitude... nous parlerons... et déciderons!!!

Et après... plus de recul!!! Le grand saut vers l'inconnu ou la stagnation dans l'illusion de la sécurité...

Et... si on se trompe... il faudra assumer?

Ah non... j'ai pas envie...

Ok, d'abord... mais juste cette fois, hein??? Marre d'assumer...

samedi 18 avril 2009

Bibliothèque, livres et richesse

Hier nous avons acheté notre première bibliothèque et avons commencé à l'assembler.

Ce matin, nous avons terminé les finitions, l'avons fixée au mur et nous l'avons...

... remplie du contenu de placards, bacs sous les lits, étagères croulant sous un amas de volumes...

Comment vous dire...

Moi, ça m'a apporté une grande paix intérieure... je suis heureuse de les voir là, mes livres, exposés comme ils le méritent, étalant leurs richesses, leurs histoires et leurs poésies dans un écrin digne d'eux et de ce qu'ils racontent.

Je peux enfin laisser courir mes doigts sur les couvertures, et avoir une petite pensée pour chacun puisqu'à leur façon ils me rappellent tous une intrigue, une époque, un pays, des gens...

... et parfois un détail, au détour d'une page ou d'un chapitre, qui m'a marquée par son atrocité, ou sa beauté, ou sa grande sagesse... parfois par une simple coïncidence avec mes expériences, ou par la mélancolie qu'il m'inspirait.

Dire qu'ils dépérissaient au fond des placards...

Un livre est cent fois plus qu'un objet... et une bibliothèque est un monde à elle seule... précieuse et pleine de richesse!

mercredi 15 avril 2009

A la découverte des mystères de monsieur St-Eve

La première fois que j'ai entendu parler de monsieur St-Eve, il était déjà vieux... et lorsque j'entrai chez lui par effraction, il était décédé depuis déjà plusieurs mois.

Les légendes ayant toujours un fond de vérité, je pense qu'il devait être parano, un peu cinglé, peut-être, et surtout asocial; vieil ermite vivant dans la peur de l'autre, ou alors dans la haine... je ne sais pas...

Petite, mes oncles, au chalet, m'avaient indiqué cette maisonnette plutôt austère isolée mais apparente depuis la rive du lac... émergeant d'un amas de conifères. On racontait qu'il accueillait à la carabine les téméraires qui osaient s'aventurer sur son territoire, qu'il avait fait construire des murs d'un mètre d'épaisseur dans le but de se protéger d'une guerre, qu'il conservait des tanks dans son garage, qu'un passage secret creusé plusieurs décennies auparavant reliait sa cave aux bois, permettant une évasion discrète au cas où des soldats ennemis attaqueraient en pleine nuit!!! En fait, on ne précisait pas que les envahisseurs se présenteraient de nuit, mais c'est toujours ce qui fait le plus peur et j'aimais bien alimenter mes terreurs de détails horrifiants.

Durant mon enfance, cette maison représentait pour moi un monstre endormi... tant que je ne m'approchais pas, je n'avais pas à avoir peur. Par contre, l'adolescence arrivant...

Monsieur St-Eve me revint à l'esprit un jour que, devant une maison à Amos, en Abitibi, je vis une ambulance dans laquelle des infirmiers faisaient entrer une civière portant un corps recouvert d'une couverture de laquelle n'émergeait aucune partie... Je compris immédiatement qu'il s'agissait d'un cadavre et je cherchai bientôt à y poser un nom, histoire d'apprivoiser, je pense, une situation qui m'avait bien impressionnée. Je ne tardai pas à faire le lien entre ce corps sans vie et le vieil ours dont le nom seul m'intimidait.

J'avais 15 ans et j'étais allée dormir près du chalet de mes oncles avec mon copain de l'époque, son ami, et deux copines très proches.

Après avoir descendu quelques bières, nous sommes devenus capables de bien des exploits et c'est avec beaucoup de "courage" que nous sommes montés à l'assaut de la forteresse maintenant vidée de son principal occupant, tapie là depuis les temps immémoriaux de l'enfance de mes parents... qui me paraissait, oui, fort, fort lointaine! :)

Malheureusement, aucun moyen facile de pénétrer ce bunker... comme nous aurions dû le penser plus tôt, mais aidés par l'alcool, la présence des autres que nous voulions impressionner et les histoires fascinantes que nous avions entendues, nous avons fini par accepter la proposition de l'une d'entre nous de se glisser par une fenêtre afin de nous faire entrer... par la porte... ce qui fut fait, non sans un léger bris de verre.

J'avoue avoir eu énormément d'admiration pour cette personne plus mince, plus contorsionniste que moi... parce que jamais, au grand jamais je n'aurais osé entrer seule dans cette maison qui pour moi était peuplée de spectres et d'horribles souvenirs...

Pourtant, tout nous sembla normal... c'en était presque décevant!!!! Si décevant que nous nous mîmes à ouvrir armoires et placards, à la recherche de trésors cachés, et même le frisson à la pensée que je pouvais tomber sur les restes torturés d'un être humain contribuait à cette morbide excitation exacerbée par une douce terreur.

Nos trouvailles furent bien maigrichonnes... Quelques cierges dont deux noirs qui nous permirent maintes allégations de messes sataniques, un calendrier ouvert à une date depuis longtemps révolue dont nous tentions de décrypter la symbolique, de vieux journeaux, d'antiques magazines vantant les mérites du corset ou des talons hauts...

Après avoir vainement tenté de faire venir l'esprit de monsieur St-Eve dans une mauvaise imitation de séances médiumniques de cinéma, nous avons tiré autant que nous le pouvions sur l'anneau d'une trappe posée sur le sol de la cuisine et qui nous apparut, à notre grande stupeur, verrouillée de l'intérieur puisque nous n'arrivions à trouver aucun système accessible d'où nous étions. La preuve était faite, selon nous, de la véracité de l'existence du fameux passage secret... notre excitation décuplait!!!

Arrivés au garage fermé par un lourd cadenas rouillé résistant à nos assauts réduits au minimum, l'une de nous émit l'hypothèse que nous n'avions pas besoin de passer par la porte... Après l'avoir regardée comme si elle était la dernière des connes, l'un des garçons sembla soudain comprendre et nous nous attaquâmes tous aux parois de tôle métallique qui cédèrent facilement à notre charge. Croyant découvrir quelque spectaculaire machine de guerre, nous dûmes nous rendre à l'évidence devant le banal tracteur qui nous regardait bêtement...

Après avoir rassemblé notre maigre butin, nous repartîmes vers nos tentes, laissant dans l'état nos preuves de "vaillance".

Au lendemain, tout comme l'assassin revient toujours sur les lieux de son crime, nous sommes retournés pour voir... si quelqu'un était venu... et je pense surtout pour nous convaincre nous-mêmes de la réalité de ce que nous avions fait...

En voyant le mur du garage réparé, la fenêtre pas remplacée mais scotchée... nous avons eu tellement peur, conscients que nous étions d'être passés à quelques cheveux, quelques petits poils... de nous faire prendre...

Et pourquoi avions-nous fait ça? Pour affronter une partie des démons de notre enfance, pour montrer aux autres de notre âge que nous étions capables d'aller jusqu'au bout... et surtout, je pense, parce que nous nous étions approprié une partie de la légende entourant cet homme, et que nous avions réellement cru que notre intrusion en était légitimée. Nous n'avions pas fait de vandalisme - nous considérions la fenêtre et le garage comme... du nécessaire -, rien n'avait été cassé, altéré, et les vols n'avaient consisté qu'en bougies et vieux magazines...

Par contre, nous avions vécu une aventure... comme nos héros dans des films ou dans ces livres que nous dévorions... nous en étions quasiment arrivés à croire réellement que nous allions découvrir quelque chose d'épouvantable!!!

Nous savions, également, que nous n'étions pas les premiers à nous introduire dans cette maison... la voie avait été ouverte depuis bien longtemps...

Monsieur St-Eve, qui jouait pour nous le rôle de la sorcière du village ou du vampire ou de l'ogre... je ne sais pas du tout ce que vous étiez réellement, ni à quoi vous ressembliez sans couverture sur le visage... mais on peut dire que vous nous avez bien fait rêver!

lundi 13 avril 2009

Des rats et des hommes!

- Qu'est-ce que c'est sur la photo, maman?
- C'est un petit rat, Jérémie! Un raton!
- Et plus tard, ça va devenir un enfant?
- Mais non, ça va devenir un rat!
- Mais t'as dit qu'on était des animaux!
- Oui, une sorte d'animal! Parce qu'on respire, qu'on grandit, qu'on mange et qu'on fait des bébés comme les autres animaux!
- D'accord, mais moi, quel animal j'étais?

Mère et fils...

L'enfant est triste... comme il l'a toujours été, comme il le sera toujours... La détresse qui l'habite fait tellement partie de lui qu'il ne serait plus qu'une ombre sans elle, incapable de se reconstruire à partir d'un matériau différent.

La mère le regarde, impuissante...

- Je t'ai pourtant donné tout ce que je pouvais...
- Ca n'a pourtant pas suffi... je voulais plus...
- Tu n'as jamais demandé... Que voulais-tu au juste?
- Je voulais l'impossible...
- Je t'ai donné de l'amour...
- Je ne l'ai pas ressenti...
- Dis plutôt que tu l'as rejeté...

L'enfant se lève, fait quelques pas... puis il se tourne et fixe sa génitrice:

- Je voulais ce que tu ne pouvais me donner.
- Et qu'est-ce que c'était?
- Je ne sais pas.

- J'ai lavé tes vêtements, j'ai préparé des repas pour toi, j'ai soigné tes blessures...
- Je voulais plus...
- Je t'ai offert une famille, j'ai changé tes draps, je t'ai tellement aimé...
- Ce n'était pas assez...
- Que voulais-tu?

Devant les yeux de la mère l'enfant accuse les années avec une rapidité stupéfiante... Ses yeux s'enfoncent, sa peau se flétrit, ses cheveux blanchissent... puis, se tournant vers elle...

- Je voulais que tu sacrifies ta vie pour moi... que tu souffres pour moi, que tu meures pour moi...
- Et tu aurais été satisfait?

L'homme réfléchit intensément, posément...

- Non... sans doute que non... j'aurais voulu encore plus...

vendredi 10 avril 2009

Blessures de guerre

Exhibant une paire de bleus gros comme des balles de... de golf de lilliputiens, je tente une culpabilisation de conjoint:

- T'as vu, Alex, ce que je me suis fait en portant le canapé et tu disais que j'étais mauvaise et tout...

Alex me jette un oeil:

- Ca?? Ces minuscules petites choses?
- Ben... c'est quand même extrêmement douloureux!!!
- Ah... tu sais, je voulais justement m'excuser pour ça...
- Oui????
- Et maintenant, j'en ai plus envie!!!

Pffff!!!! Ah le saligaud!!!!!! Et moi je vis avec d'horribles ecchymoses... qui pourraient éventuellement s'infecter et provoquer ma chute... dans les profondeurs abyssales de l'enfer de la douleur...

... agoniser durant des journées entières à me tordre de souffrance, me tenant le bras en suppliant la mort...

Oh... quelle théâtralité...

Non... vraiment, il ferait mieux de me demander pardon illico...

- Alex, tu pourrais, par ton refus de tenir compte de mes blessures, regretter de ne pas m'avoir soutenue avant le possible basculement tragique de mon destin...
- Qu'est-ce que ça veut dire ça??
- Je ne sais pas exactement... mais ça pourrait être grave, on ne sait jamais...

Et vous savez ce qu'il a fait??? Il est allé...

... prendre des mesures...

... est-ce louche?

mercredi 8 avril 2009

Notre canapé

Finalement... finalement...

Après avoir dormi pendant de longues années, chaque fois que nous recevions des visiteurs, sur une espèce de galette trouée comme un gruyère et tachée comme un guépard, nous avons fait le grand saut!!!

En camionnette, nous nous garons dans le parking d'un très grand magasin bleu et jaune dans le catalogue duquel nous avons fait notre choix: canapé angle convertible... le plus bas prix, beige assez foncé...

Tout en nous dirigeant vers la porte d'entrée, nous croisons quelques pauvres personnes tentant avec de maigres résultats de pousser un chariot sur lequel s'amoncellent d'énormes paquets semblant peser trois tonnes!!!

- Alex!! Regarde ces gens, ils sont fous raides!! Qu'est-ce qu'ils peuvent bien acheter?
- Ben... peut-être un canapé?
- Quoi? Ca ne peut pas être gros comme ça!!
- Où veux-tu qu'ils mettent ça, des coussins, des structures, un matelas... ça prend de la place!!

C'est alors que je pénétre dans la caverne d'Ali-Baba!!!! Des meubles, il y en a tellement que parfois on ne comprend même pas à quoi ils peuvent bien servir!!!

- Regarde Danielle, cette petite étagère!!! N'est-elle pas adorable?
- Mais oui, Alex!! Tu as grandement raison!! Elle est étourdissante de coquetterie!!! Mais que diable peut-on y ranger??
- Ah oui... il faut faire de petites collections... sinon ça ne sert à rien!
- Et nous ne faisons pas de collection... quel dommage!!!

Nous étions presque arrivés à la conclusion qu'il nous fallait absolument débuter une collection de petits objets complètement inutiles afin de justifier l'achat de cette étagère vitrée mignonne mais hors de prix!! Heureusement, une onde de bon sens passait par là et s'attarda quelques instants à nos côtés, nous contaminant au grand bonheur de notre portefeuille.

- Alex, je vois les canapés!!!! Ah comme ils sont beaux!!!! Tu as vu celui-ci?
- Il n'est pas convertible!!
- Non, c'est vrai!! Mais celui-là l'est et il est bien plus beau que celui que l'on voulait!! Je ne comprends pas ce qui a pu nous pousser à faire ce choix!!!
- Le prix? Non?
- Ah... euh... oui, je pense que tu as raison!!! Tu le vois celui que l'on veut?
- Oui, il est là!
- Là? Où ça?? A côté de cette chose?
- Non! Cette chose, c'est notre canapé!
- Ah...
- ...
- Comme il est beau, hein?
- Oui... il est correct...

Après avoir demandé un document nous permettant de retirer l'article choisi, nous nous rendons à l'endroit où ils donnent les grosses affaires, genre canapés, lits, tables de cuisine et moissonneuses-batteuses.

C'est très, très intéressant!!!! Nous faisons la queue et devant, il y a trois hommes qui semblent tous faire la gueule! L'un d'eux, qui semble sortir tout droit de l'âge de pierre, s'approche d'un client, puis lui demande:

- Aaaarghhhhhhhhmmmlll?

Ce dernier, épouvanté, lui tend son papier... hésitant entre son envie de prendre ses jambes à son cou et sa peur de la réaction de sa tendre épouse lorsqu'il se présentera à la maison sans le meuble demandé...

Cromagnon part quelques instants, puis des petits monsieurs dans des genres de camions à levier passent, s'amusent à pirouetter, descendent des boîtes, rient et se racontent leur soirée d'hier!

Notre tour arrive, et c'est avec bonheur que nous constatons que nous réussissons à éviter Cromagnon. Notre homme à nous, même s'il est paralysé des zygomatiques, est poli et pas trop horrible à voir... Nous lui remettons notre papier... il part...

Derrière nous, trois personnes discutent de leur canapé qu'ils attendent également. Lorsqu'il s'avère que c'est exactement le même que nous, nous n'en pouvons plus de joie, nous hurlons de rire, commandons du champagne et entamons un petit french-cancan de rigueur!!!!!!

- Je suis désolé, mais il va falloir attendre... le paquet est placé très haut, il nous faut un cariste...

Un cariste, faut-il vraiment tout vous expliquer, est justement un de ces petits personnages motorisés exécutant des loopings en discutant chiffons... L'un d'eux s'avance dans son petit cube sur roues, puis fait monter sa fourche, encore encore encore... et au moment où nous croyons que tout va s'écrouler, il descend un paquet énorme!!!

- Monsieur, vous faites erreur!! Cela ne peut être notre canapé!! Cette chose dans les boîtes aurait besoin d'un gymnase pour s'épanouir!!! Il doit s'agir d'une maison en pièces détachée ou d'un camion-benne à monter soi-même!!!
- Et non, madame!! Il s'agit bien de votre canapé, du moins de celui figurant sur le bon que vous m'avez présenté...

Le spectacle est mémorable... L'homme pousse le chariot... il en transpire des gouttes odorantes se mêlant aux taches constellant ses vêtements, il rougit sous l'effort, ses muscles sont tendus dans une attitude qui pourrait être vachement érotique si ce n'était de son visage sans grâce et de la nature louche du chargement.

Le tout devient moins drôle lorsqu'il nous passe le relais et que c'est à nous de nous démener jusqu'aux caisses, en espérant ne pas renverser trop d'enfants sur notre passage!!!

- Oups, pardon madame!!! Je ne vous avais point remarquée!!!
- Alex!!!!! Regarde, il y a un petit garçon collé à la roue, tout écrapouti!!!

Entretemps, nos compagnons d'infortune ont reçu leur gigantesque chargement et arrivent en caisse à peu près en même temps que nous, ce qui nous fait bien rigoler... sans trop savoir pourquoi... mais nous rions...

... jusqu'à nous rendre compte, une fois dehors, que nous sommes garés l'un à côté de l'autre... c'en est trop, nous en urinons de rire, puis nous suivons sur l'autoroute... et maintenant nous habitons tous ensemble... le hasard est trop grand, le destin s'y est sûrement mêlé!

De retour à la maison, après avoir fait de l'alpinisme dans les escaliers, après m'être fait engueuler par Alex devant tous les voisins, leurs enfants, leurs visiteurs et leurs boulangers, parce que supposément que je ne sais pas porter, que je suis dangereuse et qu'il ne ferait jamais un déménagement avec moi... snif... moi qui rêvais de faire un déménagement avec lui...

... eh bien après tout ça, nous avons... nous avons enfin un canapé!!!!!!!!!


Un vrai!!!! et même si à côté des autres au magasin il nous semblait un petit peu plus moche que la majorité, une fois dans notre salon, il est très, très beau!!!!!!!!! Simple, mais à nous!!! Notre superbe canapé!!!

Désolée!!

"Je voudrais dire que je suis désolée!! Parce que je mange la bouche pleine", articule difficilement Nana, entre quelques expulsions de miettes de pommes de terre...

mardi 7 avril 2009

La complexité des origines

Un pas après l'autre, petites chaussures brunes se suivent et volent au-dessus des trottoirs sur lesquels vivent des colonies de gendarmes occupés à assurer la satisfaction de leurs pulsions instinctives.

Chaussures déjà sales après seulement quelques semaines d'existence sautent et courent, foulant les craquelures sombres laissant passer quelques pousses de mauvaises herbes à l'allure de jolies fleurs printanières.

Pieds menus d'enfants gambadent avec insouciance... puis s'arrêtent, se posent... près d'un poteau de lampadaire sur lequel est apposé un bout de dessin coloré bleu, blanc, rouge...

Petites lèvres roses prononcent alors des mots qui touchent, des mots vivants dont la signification prend de l'importance selon les expériences...

- Fran-çais... Hein, maman??? C'est écrit français!!!
- Ca veut dire ça, oui, mais c'est pas écrit avec des lettres, c'est un dessin!
- Ah...
- ...
- Nous on est des français, hein, maman?
- Oui!! parce qu'on parle français!
- Oui, mais on est français!!!
- Oui, c'est vrai!
- Mais toi, t'es pas français!!! T'es pétéquoise! Hein, maman?

Bras d'adulte se tendent vers l'enfant pour l'attirer contre une poitrine sur lequel il s'écrase sans comprendre pourquoi de si banales paroles provoquent une telle réaction...

- Oui, tu as raison, ma chérie... mais on dit "québécoise".
- C'est parce que j'arrive pas trop à le dire, mais je le sais!!!

Petit je-sais-tout y va alors de sa version à lui, différente sans être mieux.

- Non, c'est pas comme ça, Nana!!! On dit "fréséquoise"!

De pétéquoise en fréséquoise, en passant par péquécoise, pour finir par en arriver à la bonne prononciation, les origines se mêlent... formant un tableau lointain, presque éthéré, sur lequel apparaissent toutes floues des lettres qui pourtant me précèdent partout où je vais et dont le sens me définit au plus profond de mon être...

- Maman, péquéquoise, ça commence par un P?
- Non, par un Q...
- Oooooh!!!! Un gros mot!!!!

Mais ça... quiconque me connaît... ne peut être surpris...