jeudi 26 novembre 2009

La mèche qui ne bougeait pas

Mardi soir, tout est calme... Alex revient tard, je fais la vaisselle pendant que les enfants lisent Babar, Charlotte aux fraises et un roman policier.

Tout en lavant, essuyant et rangeant le plus rapidement possible afin d'être débarrassée de cette ennuyante corvée, je regarde un peu partout, remarquant une veste oubliée sur le divan, des chaussures au milieu du salon, et...

... qu'est-ce que c'est que ça????

Un genre de chenille... mais sans consistance... en fait ça ressemblerait plutôt à une mèche... s'il pouvait être logique qu'une mèche de cheveux soit étendue sur le sol de la cuisine...

Je me penche afin d'examiner plus attentivement l'objet de mon étonnement, et constate avec stupeur que cette chose est loin d'être unique... elle fait même plutôt partie d'un troupeau...

Je touche légèrement d'un doigt prudent... et conclus d'après l'inertie de la chose en question qu'elle est morte... ou à tout le moins non vivante...

Non seulement elle ne tressaille même pas, mais elle se divise en plusieurs brins... ce qui me ferait de nouveau croire qu'il s'agit d'une mèche de cheveux, mais ça ne peut être...

J'observe l'environnement de la chose... Sur le comptoir, il y a... quelques poils... et des...

... des ciseaux!!!!

L'angoisse me noue la gorge... je quitte la pièce d'un bon pas et me dirige vers la chambre de ma fille qui est la seule susceptible de "perdre" des cheveux de cette longueur... Cette fille qui a mal à la "chemise" aurait-elle pu se mutiler de la sorte? Ou plutôt mutiler la chevelure qu'elle espère depuis des années avoir si longue qu'elle lui touche le postérieur?

D'un coup de pied bien placé, je fais sauter la poignée de la porte de la chambre des enfants... qui sont saisis, sans voix, alors que je fais une entrée fracassante qui n'est rien comparé au cri d'horreur qui s'échappe de mes lèvres au moment où j'aperçois le front d'Elana, complètement nu... à un endroit précis... rasé à 3 mm du crâne... et que dire de ces coups de ciseaux jetés à la va-vite ayant fortement entamé ce qui reste de sa beauté???

Que faire??? Suicide?? Assassinat? Après avoir bien soupesé les conséquences pouvant découler d'un acte impulsif, j'ai opté pour l'appel à la coiffeuse qui est venue ce soir tenter de mettre un peu d'ordre dans ce fouillis capillaire...

Et la coupable? Comment se sent-elle???? Vous en avez de bonnes, vous, à vous préoccuper ainsi d'une enfant si peu inspirée... Cette petite fille, en fait, a beaucoup de remords...

Elle se trouve moche... elle se rend compte que la princesse aux longs cheveux blonds et au diadème étincelant est encore plus loin dans le futur qu'il y a quelques jours...

Mais bon... j'avoue que cette nouvelle petite coupe au carré lui va à ravir... en fait elle fait ressortir son petit côté chipie, ce qui n'était peut-être pas nécessaire...

lundi 16 novembre 2009

A question con...

- Papa, pourquoi t'as pas beaucoup de cheveux?
- Parce que... parce que je les mets pas tout le temps!!!

dimanche 15 novembre 2009

Tourtière porc et boeuf... enfin!!

Comme je suis dans ma période "Combattons la nostalgie en préparant de la bouffe traditionnelle mais juste pour Noël comme je suis au régime", je me suis dit que ce serait une super bonne idée de faire des bonnes tourtières bien de chez nous dans la journée de samedi, donc hier!!!

Pour ce faire, il fallait que je me déniche une super recette, ce qui est assez aisé sur le site de recettes du Québec.

Ensuite, il me fallait aller acheter de la viande à la boucherie... En tenant compte qu'il me fallait 500 g de boeuf haché et 500 g de porc haché pour préparer une tourtière, et que j'avais l'intention d'en faire une dizaine, je suis arrivée chez le boucher et ai demandé 5 kilos de boeuf haché et la même chose en porc...

Lorsque je fis ma demande à la dame se trouvant bien à sa place légitime derrière le comptoir, elle ouvrit des yeux immenses:

- Oulah, madame!!
- Vous n'avez pas en stock?
- Euh... Le boeuf c'est pas un problème...
- C'est le porc?

J'assistai ensuite à une scène pour le moins terrifiante. La dame, d'un certain âge, se retourna vers celui dont la fonction de mari se lisait sur le visage, saisit son immense couteau et dit:

- Raymond, excuse-moi...

Sur ce, elle entreprit de découper en rondelles cet homme qui avait, je suppose, partagé sa vie durant des années et lui avait fait le fils qui assistait, horrifié, à l'insertion de son géniteur dans le petit hachoir...

Reprenant mon souffle, les jambes flageolantes, je balbutiai:

- Mais... n'y avait-il aucune autre solution?
- Ah, madame... Les temps sont durs et puis bon... il n'était pas gai ces derniers jours...
- C'est que je ne sais pas si...
- Ah, vous pouvez me croire, il y a des moments où c'était un vrai porc!!!
- Mais je ne me vois pas cuisiner votre mari... même haché...
- Voulez-vous dire qu'après m'avoir contrainte à cette extrémité, vous allez me le laisser sur les bras? Tout ça n'aurait donc servi à rien?
- Ah... non, non, je vais le prendre...
- De plus je vous fais un prix puisqu'il n'était plus tout frais...

J'ai tout bien fait cuire...

... et...

... ça sent bon... peut-être un peu la transpiration...

mercredi 11 novembre 2009

La paupiette qui gonfle

Jérémie fait son entrée dans notre chambre, ce matin... De sa main il couvre un de ses yeux...

- Maman... j'ai mal à mon oeil!!!!

Nous l'invitons à venir nous rejoindre et j'essaie d'examiner son oeil malgré ses multiples tentatives visant à m'empêcher de le toucher sous prétexte que chacun de mes gestes déclenche chez lui un épisode douloureux.

- Jérémie, t'as mal sur l'oeil... ou dans l'oeil?
- J'ai mal sur l'oeil... là, sur la paupiette...

Est-ce que c'est vraiment sadique de se taper un fou-rire quand son enfant se tord de douleur en se tenant la paupiette toute enflée??

- Mmmmpfffffhihihiiii... Euh... Ahem... Hummmm... Jérémie... t'as mal à la paupière?
- Oui...

Et quelques instants plus tard, il ouvre grand les yeux tout en affirmant que c'est passé...

... et en effet la paupiette ne semble plus enflée...

... puis il n'en reparle plus du tout...

Sommes-nous pardonnés de notre accès d'hilarité très mal placé?

vendredi 6 novembre 2009

Et toc!

- Danielle, si j'avais comment c'était avec toi, je ne me serais jamais marié!!!
- Mais oui, tu te serais marié avec moi... t'aurais pas pu résister à mes yeux de braise et à mes jambes de routier!!!
- Quand j'ai accepté les 35 000 euros pour te prendre...
- Quoi??? T'as reçu de l'argent? De qui?
- Du gouvernement canadien...
- Pour me marier?
- Oui!
- Et tu t'es pas méfié?
- Non!
- T'as pensé quoi?
- Que c'était de l'argent facilement gagné!
- T'as pas trouvé bizarre qu'on soit prêt à te donner des sous pour que je parte? Tu t'es pas dit que je devais être très, très chiante?
- Ben.. non...
- On m'aurait offert des sous pour te marier, je me serais dit que je m'embarquais dans une galère!!!!! T'es pas un peu nono?
- Ben... euh...
- Alors je pense que tu mérites de me supporter longtemps longtemps!!!!
- ...
- Après tout... t'as été payé, non???

mardi 3 novembre 2009

D'une mère à la précédente

Je pense souvent à toi... et plus le temps passe et plus les enfants grandissent et vieillissent et mûrissent, plus je pense à toi et à la façon dont tu prenais Claude-Anne et Olivier et à ce que ça me faisait, à moi, de te voir et de me dire que c'était comme ça, avec ce regard-là, avec cette douceur-là, que tu me prenais quand j'étais aussi petite que mes propres enfants.

En voyant grandir loin de toi mes petits derniers, je pense à ce qu'ils manquent et à ce que toi tu ne peux voir d'eux et à ce que tu penserais et à ce que tu dirais... et parfois je te trouverais chiante, et je te le ferais peut-être savoir, mais au fond de moi ce serait un réconfort, une sécurité de voir ma mère caresser et aimer ma progéniture à moi.

La distance comme les limites budgétaires ont fait en sorte que nous ne pouvons nous voir de façon régulière et quand je pense que je ne t'ai pas serrée dans mes bras depuis plus de deux ans, ça me déchire à l'intérieur... parce que je sais que t'es là, pas si loin, si facile à joindre par téléphone mais si lointaine quand il s'agit d'un contact réel, d'une joue à embrasser, d'une peau à effleurer...

Oui, j'ai gagné et j'ai perdu... et si le gain est énorme la perte l'est tout autant et ma tristesse est aussi profonde que ma joie.

Tu m'as dit que tu reviendrais une fois... encore une dernière... J'y pense souvent... j'ai hâte de te voir autant que je crains l'après-coup, le moment de se faire nos adieux sans savoir si on se reverra.

J'ai eu besoin de toi petite, puis je me suis détachée pour vivre ma vie... parfois à coups de pieds, parfois en te hurlant des choses que je ne pensais qu'à moitié... puis j'ai eu besoin que tu m'épaules lorsque je suis devenue mère, et maintenant... peut-être parce que je sens que mon rôle d'aujourd'hui évolue et que ce sera bientôt moi qui serai grand-mère... peut-être que je voudrais que tu me passes le flambeau dans les règles...

Tout à l'heure, Alex a préparé du fromage blanc sucré aux petits, le même que sa mère lui faisait quand il était enfant... et lorsque Nana et Mimi ont dit que leur mamie leur en préparait souvent, il a été ému... parce que l'histoire se répète, parce que ses enfants auront ce souvenir en commun avec lui, pour bien des raisons finalement...

... et moi ça m'a fait mal, tout ça... parce que mes enfants n'ont pas la chance de développer cette relation avec ma mère à moi et que je me rends compte que je suis responsable de porter vers eux toute une histoire et des racines qu'ils ne pourront goûter autrement...

Il faut que je raconte, il faut que je leur montre, que je leur dise... et que passent à travers moi les messages que tu leur gardes au fond de toi...