Deux ou trois rides supplémentaires, mes cheveux jadis brun foncé, puis un peu salés sont maintenant devenus presque entièrement blancs sous la teinture. Persuadée que si j'arrête de me déguiser les cheveux j'aurai l'air beaucoup plus âgée que mon âge réel, je continue... et j'ai une de ces frousses d'arrêter!!! Même si sous cette peur j'en ai envie. C'est certainement l'idée qui prend le temps de faire doucement son chemin à travers mes multiples indécisions et angoisses. J'aime le naturel.
Si j'observe attentivement ce que ma vie est depuis mon départ du Québec, je me rends compte que l'aube comme l'atteinte de la quarantaine se fait sous le signe du détachement progressif. Je me fais peur à moi-même en le disant, et pourtant c'est très vrai.
Je n'ai jamais été aussi heureuse que depuis ma rencontre avec Alex, et pourtant c'est après celle-ci que j'ai dû faire le plus de renoncements.
J'ai dû accepter énormément de choses, comme l'incompatibilité avec certaines personnes avec qui j'avais commencé à bâtir quelque chose; certaines depuis quelques mois, avec d'autres on peut parler d'années, quand c'est la famille, c'est de toute une vie qu'il s'agit.
Blessée, égarée dans une peine que, dans certains cas, je n'aurais jamais imaginé ni la possibilité de la vivre ni l'ampleur de mon chagrin, je me suis bâti une armure... très forte...
Je me rends compte que chacun se fait justice, et qu'au fond personne ne s'écoute. Les relations humaines sont si complexes que même si on se croit ouvert, on ne peut l'être à tous et que l'on ne pourra jamais accepter que les autres ne pensent pas comme nous lorsqu'il s'agit de sujets trop sensibles.
J'ai pris conscience de ce détachement que je me forgeais tout doucement en hygiène de vie lorsque sur Facebook, j'ai vu le statut d'une amie qui aurait pu être moi il y a un peu moins, ou un peu plus d'un an, ou périodiquement depuis très longtemps... Elle déplorait l'hypocrisie des gens et le fait qu'elle découvrait la duplicité d'une personne en qui elle avait confiance.
Je lui ai simplement dit que dans une amitié, à partir du moment où on te culpabilise de ne pas avoir envie de sortir, de dire les mauvaises choses, à partir du moment où on te met de la pression, où on te reproche une parole, un fait, une attitude...
... c'est la croisée des chemins. Peut-être que tu seras d'accord, que tu te rendras compte de certains comportements blessants que tu as pu avoir et que tu t'excuseras et que ce sera fini. Mais c'est rare. Parce qu'on en tait tous, des petites choses qui nous blessent dans nos contacts. Parce que c'est normal de ne pas s'étaler sur chaque détail. Sauf que parfois ils prennent pour soi des proportions que l'on ne peut plus accepter. Et c'est la fin d'une amitié, souvent. Ou la mise en veille d'une relation familiale.
Et c'est en écrivant à peu près ça que j'ai réalisé que c'est vraiment ce que je pense et ce que je vis, contrairement à il y a moins d'un an. Je me protège, je me détache, je me mets de côté et je laisse continuer sans moi. Je ne me laisse plus morigéner, réprimander ou moraliser par mes égaux qui ont un caractère fort (grand bien leur fasse) et qui ont besoin de prendre le dessus dans notre relation.
Très peu pour moi...
... mais lorsque je retire ma coquille, c'est pour me lover entre les bras d'Alex qui seul, désormais, a droit à ma confiance totale, mon abandon, mon bien-être complet.