samedi 19 septembre 2009

Un matin comme les autres

Vous sortez de votre appartement, et vous hurlez à votre progéniture de ne pas traverser seule la rue, de vous attendre, nom de Dieu, qu'il y a des voitures et que si c'est comme ça vous leur donnerez la main et c'est tout!!!!

Comme presque tous les matins, vous n'êtes pas en retard, mais juste à temps, si bien que vous marchez d'un bon pas alors que vos enfants qui couraient comme l'éclair il n'y a pas cinq minutes ont soudainement des allures d'escargot et vous forcent à les attendre, ce que vous faites non sans les invectiver et vouer aux gémonies leurs monstrueux parents!!!

C'est avec un gros bisou mouillé et rapide que vous dites au revoir à votre petit Mimi à l'école des grands où il vous paraît si petit à côté des autres qui courent, se lancent des ballons géants et se chamaillent... vous craignez tout à coup qu'il se fasse renverser par un délinquant de huit ou neuf printemps, un qui roule sa bosse depuis déjà longtemps et à qui on ne la fait plus dans cette école, un qui s'amuse à terroriser les petits du CP...

Mais vous relativisez et c'est non sans appréhension que vous partez, accompagnée de votre Nanou balloune à vous, votre petite terreur à couettes qui n'a pas encore terminé la maternelle.

Le chemin menant de l'école élémentaire à la maternelle contourne la cour de la première, ce qui vous permet, chanceuse que vous êtes, d'assister à la mise en rangs des élèves et de voir avec joie Mimi Joli entrer dans l'école derrière ses copains en suivant sa maîtresse!!

Pour le moment, vous vous campez, tenant la main de Nana, et vous cherchez Jérémie des yeux parmi la multitude sautant, courant, criant et se bagarrant...

Mais il n'est pas là... pas plus que son ami Romain dont l'absence vous rassure quelque peu, puisqu'il est plus que probable qu'ils sont ensemble, dissimulés par un mur de l'école...

La cloche sonne... un troupeau d'enfants court vers les maîtres placés en rang d'oignon...

... et vous scrutez attentivement les grappes de têtes rondes et les dos porteurs de lourds sacs à dos, à la recherche d'un visage bien particulier...

Quand vous apercevez un bras s'agiter dans un mouvement régulier, tel un métronome, et vous y répondez puisqu'il s'agit en effet de celui de votre adorable fiston...

Cependant, le fait d'avoir agité le vôtre, de bras, ne change rien à la danse du sien qui continue, sans relâche, à osciller de gauche à droite dans un aurevoir se voulant inoubliable autant que l'adieu des passagers du Titanic figé dans la mémoire de ceux qui les voyaient partir...

Et vous, attendrie, vous répondez à son message, sans arrêt puisqu'à chaque tentative de reposer votre bras le sien repart de plus belle...

Enfin la petite troupe se met en branle en direction de la porte de l'école, et votre rejeton suit le mouvement et disparaît, les yeux dans les vôtres et la main baladeuse...

Revenant à la réalité, vous reprenez la direction de la maternelle, précédée de miss Barbara, sautillante, qui change ses chaussures pour des chaussons presque aussi rapidement que son ombre.

Sur le seuil de la classe des Fourmis, dont fait partie Nana, vous lui donnez le bisou de l'année dernière, dont elle se contentait et que même vous lui voliez lorsqu'elle décidait de faire l'indépendante...

Mais aujourd'hui ce n'est plus suffisant... C'est une chorégraphie que vous avez du mal à suivre et qui commence à vous taper sur les nerfs!!!

Pour commencer, un bisou sur la bouche, puis ensuite elle vous en donne un sur la joue, puis un dans sa main qu'elle vous souffle, pour finir par un dernier, toujours dans sa main mais qu'elle ne vous souffle pas...

Pour les deux derniers baisers, vous devez lui répondre de la même manière... Si vous vous trompez, par exemple si vous soufflez celui qu'il ne fallait pas, vous commettez une faute grave et vous devez tout recommencer sous peine de colère de la demoiselle...

... et vous vous dites que demain, ça ne se passera pas comme ça...

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