mardi 3 novembre 2009

D'une mère à la précédente

Je pense souvent à toi... et plus le temps passe et plus les enfants grandissent et vieillissent et mûrissent, plus je pense à toi et à la façon dont tu prenais Claude-Anne et Olivier et à ce que ça me faisait, à moi, de te voir et de me dire que c'était comme ça, avec ce regard-là, avec cette douceur-là, que tu me prenais quand j'étais aussi petite que mes propres enfants.

En voyant grandir loin de toi mes petits derniers, je pense à ce qu'ils manquent et à ce que toi tu ne peux voir d'eux et à ce que tu penserais et à ce que tu dirais... et parfois je te trouverais chiante, et je te le ferais peut-être savoir, mais au fond de moi ce serait un réconfort, une sécurité de voir ma mère caresser et aimer ma progéniture à moi.

La distance comme les limites budgétaires ont fait en sorte que nous ne pouvons nous voir de façon régulière et quand je pense que je ne t'ai pas serrée dans mes bras depuis plus de deux ans, ça me déchire à l'intérieur... parce que je sais que t'es là, pas si loin, si facile à joindre par téléphone mais si lointaine quand il s'agit d'un contact réel, d'une joue à embrasser, d'une peau à effleurer...

Oui, j'ai gagné et j'ai perdu... et si le gain est énorme la perte l'est tout autant et ma tristesse est aussi profonde que ma joie.

Tu m'as dit que tu reviendrais une fois... encore une dernière... J'y pense souvent... j'ai hâte de te voir autant que je crains l'après-coup, le moment de se faire nos adieux sans savoir si on se reverra.

J'ai eu besoin de toi petite, puis je me suis détachée pour vivre ma vie... parfois à coups de pieds, parfois en te hurlant des choses que je ne pensais qu'à moitié... puis j'ai eu besoin que tu m'épaules lorsque je suis devenue mère, et maintenant... peut-être parce que je sens que mon rôle d'aujourd'hui évolue et que ce sera bientôt moi qui serai grand-mère... peut-être que je voudrais que tu me passes le flambeau dans les règles...

Tout à l'heure, Alex a préparé du fromage blanc sucré aux petits, le même que sa mère lui faisait quand il était enfant... et lorsque Nana et Mimi ont dit que leur mamie leur en préparait souvent, il a été ému... parce que l'histoire se répète, parce que ses enfants auront ce souvenir en commun avec lui, pour bien des raisons finalement...

... et moi ça m'a fait mal, tout ça... parce que mes enfants n'ont pas la chance de développer cette relation avec ma mère à moi et que je me rends compte que je suis responsable de porter vers eux toute une histoire et des racines qu'ils ne pourront goûter autrement...

Il faut que je raconte, il faut que je leur montre, que je leur dise... et que passent à travers moi les messages que tu leur gardes au fond de toi...

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