mercredi 13 mai 2009

La générosité paie... parfois...

Mardi matin, j'ouvrai les yeux et me levai comme mue par un ressort... Je savais que je devais aller faire des courses, mais ça ne me faisait rien, j'étais forte, j'étais une guerrière et rien ne pouvait m'atteindre!!!!!!!!

Forte de ce sentiment de puissance, je me mis à sourire quand un bruit me remit vite fait les idées en place... Un crépitement d'abord bien distinct, puis des détonations si rapprochées que l'on n'arrivait plus à distinguer chaque impact et mon volet s'éleva en laissant apercevoir un rideau, une avalanche de pluie molle et abondante se laissant tomber lourdement sur les fenêtres, la route, la pelouse... s'affairant à détremper terre, crottes de chien et autres immondices gluants parsemant le chemin menant à l'école.

D'un spasme neuronal, je rangeai rapidement l'idée même du besoin que j'avais de m'approvisionner en denrées alimentaires dans un des nombreux tiroirs de mon cerveau et fermai complètement mon esprit, mes yeux et mes oreilles en passant devant le frigo... Celui-ci, peu habitué à cette indifférence volontaire, émit quelques grognements, puis des gargouillis... et lorsque je ne pus plus différer l'ouverture de sa porte, trembla du tiroir à légumes tout comme la lèvre de Nana quand elle sent que la dispute arrive à grands pas...

Je me servis, puis détournai la tête, bien décidée à ne pas faire de courses, à rester froide à la détresse de cet appareil qui avait pris, il faut bien le reconnaître, de mauvais plis en étant sans cesse chouchouté.

La matinée passa... puis c'est au repas du midi que je finis par céder... le pauvre menaçant de se laisser couler...

Je partis donc à l'école en traînant mon cabas, sous la pluie, attirant les regards compatissants des passants, des larmes sur les joues, affligés par la vue que j'offrais, ployant sous le poids de mon parapluie...

Lorsque j'entrai enfin dans le supermarché, m'attendant à une petite fête, des félicitations pour avoir bravé le mauvais temps... je n'eus rien... rien du tout... qu'un coup d'oeil torve du gérant du magasin, la lèvre tressautant légèrement, faisant poindre une canine luisante de la pointe de laquelle perlait une goutte d'un liquide transparent que je pris avec raison pour de la salive...

Je lui fis part de ma déception, du fait que j'avais marché sous cette tempête monstrueuse rien que pour venir faire mes courses et que je n'avais droit à rien... Sur ce, à ma grande surprise, il retrouva un sourire, esquissa quelques pas de danse formant une chorégraphie si recherchée que je le soupçonnai de l'avoir créée spécialement en vue de cette occasion, entonnant quelques essais sur des notes et dans une langue que je ne connaissais pas...

Je lui jetai un regard méfiant, l'observant du coin de l'oeil afin de parer à une possible agression, puis visitai les rayons, réussissant à accomplir la moitié seulement de ma mission, puisque les patates emplissaient bien mon cabas et je disséminai quelques autres affaires sur les côtés...

Arrivée à la caisse, le même responsable, en grande conversation avec un individu louche, passa mes aliments devant son petit bip et ne cessa de bavarder que pour me susurrer entre ses dents salivantes qu'il attendait de moi la somme de 35 euros!!!!!!!!

Me tournant vers Carine qui attendait son tour derrière moi, je lui jetai:

- Tu te rends compte qu'après tout ce que nous avons fait pour eux, ils nous font encore payer???
- Ah oui, t'as raison... c'est dégueulasse, me dit-elle!!!
- Monsieur, je suis outrée!!!!!! J'ai tout laissé en plan chez moi, mes enfants, ma vaisselle, je suis partie sans même me changer ou me mettre du dessous de bras, j'ai couru, je suis tombée, j'ai reniflé de la boue et des vers de terre dans le seul but de vous divertir parce que vous vous rendez compte que si nous n'étions pas venues vous visiter vous seriez tous restés là à vous emmerder tristement!!!!!!
- Euh, dit l'homme.

Je jetai un oeil à Carine...

- Combien ça coûte, faire venir des gens pour pas s'ennuyer?
- Ben... je sais pas...
- Tu paierais combien, toi?
- Euh... au moins 35 euros!

Me tournant vers le desperado tout à coup tout petit, je lui jetai:

- Et voilà!!!! Alors je te paie et tu me paies ou on fait moitié-moitié?

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