vendredi 13 juin 2008

Morte soit la joie, morte la vie...

Avec insouciance, tu as couru à travers champs; tu as admiré les fleurs, leurs pétales, leurs étamines... tu as savouré, aspiré leurs parfums aux mille odeurs et tu en as parlé; tu as visité des temples aux murs craquelés par le temps impitoyable et les croyances détruites par le savoir; des églises et des châteaux anciens dont les parois s'effritaient, marquées par le passage des décennies, des siècles même; tu as lu, tu as vu, tu as entendu; tu as porté des chasubles, des chapeaux, des robes et des manteaux roses, bleus, blancs et verts, bordés de dentelles multicolores ou de rien du tout; tu as également parcouru des chemins tortueux aux racines menaçantes  peuplés d'insectes bruissants, bourdonnants, crissant; vêtue de haillons, tu as servi des maîtres parfois trop bons, parfois méchants mais te voulant toujours gaie, rieuse mais soumise à leurs exigences; tu as marché dans des rues hostiles dans lesquelles les lampadaires prenaient vie sous la forme de longs serpents tirant leur langue fourchue...

... tout ça dans l'ignorance du danger, en  butinant, en dansant, en gambadant...

... et tu as crié, ri et pleuré; tu as partagé ton intérieur, fait comprendre à tous ceux qui t'entourent les sentiments qui t'habitaient...

... tu as propagé tous les pollens, tous les nectars de toutes les fleurs qui t'emplissent et font partie de toi...

... mais un jour, dans ta confiance ridicule, dans ton bien-être trompeur, dans ta joie de vivre artificielle...

... tu n'as pas vu...

... tu regardais déjà plus loin...

... et tu es entrée dans un sentier empoisonné...

... dont les ornières fielleuses recelaient des créatures noirâtres et visqueuses qui ont rampé vers toi... discrètement...

... des monstres aux mains sanglantes sont sortis de sous les arbres et, d'une démarche saccadée, se sont dirigés vers l'endroit que tu visitais sans te rendre compte des risques que tu courais...

... tu as ralenti le pas lorsque des gens aux visages masqués se sont approchés de toi... ont ouvert la bouche... et ont émis un jet de liquide épais, brun-vert, qui t'a touchée là... sur la poitrine et au visage...

... et tu as couru... tu as couru de toute la force de tes jambes musclées, tu as fui le plus rapidement que tu le pouvais, respirant difficilement un air devenant de plus en plus acide, et la brûlure de la substance que les créatures avaient projeté sur toi, et la douleur de l'incompréhension, la blessure de la trahison te tournaient la tête et éparpillait ta concentration...

... ils t'ont attrappé les pieds, te faisant tomber sur un sol rugueux, contre une racine acérée dont la pointe s'est enfoncée dans ton flanc; tu as hurlé ta douleur et ta peine, tu as sangloté ta peur et ta rage...

... mais ils t'ont tenue par les chevilles, traînée sur la terre mouillée, emplie de boue, et mise au pilori...

... ils t'ont torturée de leurs langues vipérines, de leurs mots de strychnine, de leurs doigts salis des martyrs d'anciennes victimes...

... et toi...

... toi...

... tu t'es trompée... tu as cru à la rosée, à la douceur, à la beauté d'un vol d'oiseaux ou à la suavité d'un champ de coquelicots...

... mais il est trop tard... maintenant, c'est l'heure du lynchage; de l'exécution proprement dite...

... allez, venez voir, vous tous...

... venez assister à la mise à mort du rire, du plaisir, de la spontanéité!

Ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ...

Tchac!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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