mardi 13 février 2007

Québec de mon coeur

Par amour, j'ai quitté mon pays, le Québec, pour m'établir en France. Je voyais la France comme un pays un peu différent pour ce qui était de l'ouverture d'esprit, ou des femmes, mais en même temps plein de richesses, de gaieté, d'histoire. Je suis tombée de haut; de très, très haut.

Moi qui avais l'habitude de prendre une bière avec des amies, de parler des livres, des films, de l'actualité... De tout, quoi! D'aller au restau au moins une fois par semaine, de parler de ce que je voulais, quand je le voulais et d'utiliser les mots dont j'avais envie sans que personne ne s'offusque trop. Les femmes que je fréquente ici ne parlent que de ménage, de cuisine et des enfants; les hommes parlent boulot. Comme je n'ai pas réussi à travailler mais que j'ai eu des enfants depuis mon arrivée, ça semble couler de source! Mais non! Qu'est-ce que c'est que cette éternelle béatitude devant les enfants et le travail qu'on fait pour eux??? Chez moi, je les vois à tous les jours, je m'en occupe tous les jours, je leur fais à manger tous les jours, trois fois par jour!!! Je n'ai pas envie que mes seuls moments de loisirs se passent à en parler en plus!!!

Depuis mon arrivée, je n'ai pas eu une seule fois une conversation intéressante, à part avec mon mari, à propos d'autre chose que la routine de lavage, ménage, popote et bébés. J'ai eu des critiques, par contre. Je ne faisais pas la poussière assez souvent, ni les sols que j'aurais dû faire trois fois par semaine, dixit ma belle-mère; je ne repassais pas assez, mes repas n'étaient pas bons et tout le quartier savait si je n'avais pas sorti les poubelles à temps ou si je n'étais pas allée chercher le courrier.

Je me suis rebellée au départ, mais en même temps je me disais que comme je ne travaillais pas je pouvais faire un effort de mon côté. J'avais travaillé beaucoup les dernières années et c'est vrai qu'au niveau du ménage et de l'entretien j'étais un peu négligente. C'est vrai aussi que j'avais un sèche-linge au Québec qui me repassait gentiment comme un grand tous les vêtements que je lui offrais. Je n'avais pas, il est vrai, une grande expérience de cuisine et on ne me l'avait pas montré. Et puis c'était moi qui étais partie, et à Rome on fait comme les romains, n'est-ce pas???

Je me suis tellement enterrée d'un fatras de tâches ménagères que je ne vois plus rien d'autre. Je ne parle plus de rien d'autre non plus car je n'ai plus d'autre vie. Une chance que j'ai mon homme, car il est la seule personne en dehors de mes enfants qui s'intéresse à ce que je suis; qui me laisse m'exprimer comme je veux, qui me dit qu'il s'en foutrait que le ménage ne soit pas toujours bien fait, ou de manger souvent des sandwiches ou des pâtes.

Mais il a beau faire, je ne me retrouve pas dans ces gens qui parlent bien, qui sourient, qui savent s'exprimer avec beaucoup de vocabulaire mais qui ne se lâchent jamais.

O mon Québec, il y a un homme politique ici qui a dit La France, tu l'aimes ou tu la quittes.

Je te jure, pays de mon coeur, que si un jour j'en ai les moyens, je la quitterai le coeur joyeux, ma famille en-dessous du bras et je ne jetterai pas même un seul regard en arrière!!!

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