mercredi 21 février 2007

Suis-je normale?

Pour ceux qui sont partis du Québec depuis plusieurs années et qui n'y sont pas retournés, par choix ou par obligation, est-ce que vous êtes devenus encore plus québécois? Ou le contraire???

La tourtière, le ragoût de boulettes, les biscuits à la mélasse, la tire éponge, la tarte aux pacanes... Rien de tout ça ne se retrouvait souvent dans mon garde-manger! Et quand je suis arrivée ici, ça ne me manquait pas, puisque je n'en étais pas particulièrement friande. En fait, à part le beurre de pinottes, trop cher dans les supermarchés (3 euros pour 350 grammes), rien ne me manquait vraiment niveau bouffe. Je suis maintenant désespérée, je fais des recherches sans fin dans le but de dénicher les produits utilisés au Québec. Et quand j'en trouve, c'est comme si on m'avait offert un gros, gros cadeau!

L'été passé, marché aux puces à Wasselonne! Je m'arrête devant une paysanne vendant des épis de maïs à manger! Par des humains! J'étais tellement émue, j'en avais les larmes aux yeux. J'en ai acheté 10 et on les as mangés en arrivant à la maison. Ils étaient plutôt pâteux, mais c'étaient mes premiers épis, et l'imagination m'a beaucoup aidée à les trouver bons! Mon chum n'a pas du tout aimé, mais bon lui, il n'avait pas le souvenir!

Quand j'ai de la visite, on m'amène des sachets de sauce à poutine; je fais mon beurre de pinottes et j'ai même trouvé des biscuits Feuille d'érable une fois dans une semaine canadienne au supermarché.

Sinon, je trouve beaucoup de choses en Allemagne, influence des américains d'après-guerre aidant! Fromage Philadelphia, Havarti, cottage, sauce chili, cornichons sucrés... Après qu'une personne sur Marmiton m'ait conseillé d'y aller, j'ai fait un saut au Wal-Mart à Freiburg-im-Bresgau, environ une heure de route de Strasbourg.

En plein milieu d'une allée, attentive à tout, j'entends: "Où c'est qu'y est, don', l'fromâââge..." Le coeur se met à cogner fort, mes jambes ramolissent... Je me dirige vers mon homme. Tout bas: "Alex, la madame, là... C't'une québécoise..." "Va lui parler..." "Mais je lui dis quoi???" "Ben je sais pas, parle-lui!" Je n'ose pas, je suis gênée... Peur de me faire répondre: Et après? Alors je commence par le plan A. Je vais pas trop loin, et je lance quelque chose à mon mari avec mon gros accent, légèrement exagéré. Pas de réaction notable. Donc, ou bien elle s'en fout, ou bien elle n'a pas entendu. Je me dis Tant pis, et je pars. Mais mon homme, me connaissant bien, a placé son chariot de façon à me coincer près de cette dame. Je me sens rougir et je décide de me lancer. "Pardon, madame, vous êtes québécoise? J'aimerais savoir si vous avez trouvé des produits de chez nous..." Ouf, elle m'a parlé... Et en revenant, j'étais dans un état!!! Je regarde mon mari, je vois ses yeux pleins d'eau devant mon émotion, la situation...

Je sais qu'il donnerait beaucoup pour qu'on parte tous ensemble vers mes racines. Je sais qu'il souffre de me voir fondre comme ça devant des niaiseries. Pourquoi je ne suis pas arrivée à faire mon foyer de ce pays? A me sentir chez moi? L'épouse d'un ami de mon mec:"Pourquoi tu dis "chez moi" quand tu parles du Québec? Chez toi, c'est ici! C'est fini, ça!"

Mon fils de 9 ans, né au Québec et arrivé à 4 ans, parle avec plus d'accent alsacien que mon mari. A cet âge-là, c'est facile! Je souhaite très fort que ce blog m'amène tranquillement à accepter ce pays comme le mien, au lieu d'être constamment en révolte. Déjà le fait d'avoir une certaine communication avec des québécois, c'est génial! Je laisserai le temps au temps!

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