Quand tout remonte

Dimanche matin, presque midi... nous roulons en direction de la Lorraine et du village où habitent ma belle-soeur et sa famille.

- C'est encore loin? Quand est-ce qu'on arrive?
- C'est encore un petit peu loin, quand même!!!! Il reste un peu moins d'une heure.
- Mais c'est long...
- J'ai envie de vomir, maman...

Comme avant chaque déplacement en voiture de plus de 30 minutes, Elana a droit à un médicament qu'elle avale, chaque fois, avec force Nutella, grimaçant, bavant... c'en est même presque louche puisque mince, le chocolat doit masquer le goût!!... mais ça ne semble pas clair pour tout le monde!!

Déjà le coeur en bataille, l'estomac chaviré et les jambes flageolantes à l'entrée dans la voiture, il suffit d'une quarantaine de minutes de route pour que la panique s'installe autour d'une pauvre fillette secouée de spasmes se vidant de son petit-déjeuner, par trois fois, dans des bruits tuyauterie mal entretenue...

- Allez, on chante, Nana!!!
- Non... j'ai pas envie...
- Mais oui, ma chouette!!! Oh la la les belles maisons!!!!!!!!!!!!! Comme elles sont magnifiques, t'as vu???? Les belles décorations!!!!!!!!!!!

Mais rien ne fonctionne, elle n'est pas bien, elle éructe, elle borborygme, elle bruite d'un peu partout, elle se meurt sans fin...

Un long soupir de soulagement accompagne notre arrivée, vite contrarié par la demoiselle qui, après quelques minutes de calme apparent, remet ça et court vers la toilette non sans laisser ça et là des traces de son passage qui lui seront très utiles lorsqu'il s'agira de retrouver son chemin!!!

Elle est mignonne, elle est toute molle, elle s'étend, elle ne veut plus jouer et encore moins manger, elle ne veut plus qu'être là, sans bouger, sans respirer, à attendre que le mieux arrive enfin...
 
Le mal des transports perd du terrain... et de vilains mots se font entendre, des mots comme "gastro" ou "manquer l'école", des mots qui font peur aux pauvres parents, des phrases terrifiantes...

Et l'heure tourne et l'heure s'approche où il faudra repartir... On nous offre des sacs, du papier de toilette, on gave Nana de 58 médicaments qu'elle rejette presque aussitôt, et je m'assieds près d'elle dans la voiture, lui disant des mots doux, jouant, chantant, tentant de détourner son attention de ses malaises... et après nous avoir arrosés de ses humeurs par deux fois encore, elle s'abandonne dans un sommeil épuisé dont elle ne sortira plus que ce matin, en forme relativement bonne pour quelqu'un qui n'a pratiquement rien mangé la veille.

- Maman j'ai dit à la maîtresse que je devais pas manger de chocolat, me dit-elle en me montrant le cadeau que St-Nicolas lui a offert et qu'elle ramène à la maison, intact...

- Tu pourras en manger un au goûter si tu vas encore bien.
- C'est pas grave si j'ai bu un peu de chocolat chaud?
- Non, c'est pas grave...
- C'est toi la plus belle, maman...

Pfff.... Manipulatrice, va...

- Je peux rester à la maison cet après-midi???

Hein??? Qu'est-ce que je disais?