lundi 20 juin 2011

No logo - Naomi KLEIN

En ne connaissant pas ce livre, en n'en ayant même jamais entendu parler, je ne pouvais réaliser à côté de quoi je passais...

Bien sûr, je connaissais déjà les grandes lignes de la tyrannie des marques!!! Je savais qu'elles utilisaient de la main d'oeuvre à bon marché, sans aucun avantage social et souvent dans des conditions insalubres. Je savais que les PDG des marques, aujourd'hui, étaient les grands décideurs politiques et économiques, et que leurs richesses étaient souvent indécentes, leurs actions destructrices et polluantes...

Mais... ce que je ne savais pas m'a subjuguée durant ma lecture... 

La façon dont les marques se sont imposées, tout doucement, jusqu'à franchir les limites des établissements scolaires au nom d'un sponsoring en principe quasi humanitaire amenant les cantines universitaires à ne vendre que du McDo ou des produits Pepsi, ou du café Starbucks... et contraignant, bien sûr, tout ce beau monde à ne pas prononcer une parole contre cette entreprise...

Ce qui a conduit certains établissements à refuser la présence d'un conférencier venant témoigner des conditions extrêmes dans lesquelles il travaillait pour certaines marques... si celle qui sponsorisait en faisait partie; ce qui a conduit également à la suspension d'un étudiant s'étant présenté en t-shirt Pepsi dans une université sponsorisée par Coke le jour où était convié un personnage très important de cette société.

On nous raconte également que c'est dans les années 80 que les sociétés ont pris conscience que ce n'était plus aux représentants de la tranche des 30-40 ans qu'il fallait vendre, mais aux jeunes, aux adolescents... et que c'est ainsi que les campagnes publicitaires ont changé de cible, promettant d'être cool et se calquant sans cesse sur le mode de vie de la jeunesse new-yorkaise puisqu'elle était imitée par les jeunes "cool" qui avaient les moyens!!!

D'où la réfection par Nike de terrains de basket dans les milieux pauvres, et son sponsoring de Michael Jordan auquel s'identifiaient toute cette jeunesse prête à tout pour se payer les tenues de leur idole!!!!

Mais un jour, on délocalise... et ceux dont on a voulu s'approprier la fidélité se sentent un peu floués que leurs idoles de marque refusent de les employer, ou à temps partiel uniquemement comme chez McDonald's où les employés sont éternellement considérés comme "de passage" et n'ont jamais vraiment de possibilités d'avancement à l'intérieur même de l'entreprise, ce que Naomi KLEIN appelle les McJobs!!!

Et qui sont ces personnes qui "volent" les emplois de nos concitoyens? Des gens pauvres, n'ayant souvent rien aux pieds, à peine de quoi vivre et souvent insuffisamment, obligés de faire des heures supplémentaires jusqu'à deux heures du matin, parfois maltraités par leurs contremaîtres, harcelés, fouillés à la pointe du fusil à la sortie du travail...

Et ce qui m'a étonnée, c'est que pour nombre d'entre eux, l'entreprise ne verse même pas le salaire minimum de leur pays!!!! Ils demandent des dérogations au gouvernement, faute de quoi ils repartiront et qui s'enrichit de la présence des multinationales en territoire étranger??? Les gouvernements hôtes... pas les ouvriers!! Alors ils baissent les salaires pour cette zone industrielle, et ils sont très gentils de prêter leurs forces de police afin d'aller mater ces troupeaux lorsque par malheur ils trouvent assez de courage pour se révolter...

D'où l'exécution, par le gouvernement nigérian, du poète Ken Saro-Wiwa qui a voulu défendre son territoire Ogoni contre les destructions que Shell faisait subir à leurs lacs, leurs forêts, leur air... 

C'est poignant, c'est mobilisant... et c'est réel!! Les derniers chapitres parlent des mobilisations, de pressions des clients visés eux-mêmes demandant que les choses changent ou boycottant des compagnies faisant affaire avec ces entreprises foulant aux pieds les droits de l'homme... et à la fin des années 90, il y avait réellement une lumière au bout du tunnel...

Lumière qui s'est assombrie à partir du 11 septembre... alors que l'on changeait de point de mire et que la crainte du terrorisme passait au premier plan, soutenue par les gouvernements et ces grandes sociétés qui sentaient qu'ils avaient encore de belles années devant eux!!!



Voilà!!! Et j'en dirais encore tant et tant, mais je vous laisse découvrir, pour ceux que ça intéresse, ce reportage complexe, documenté, et accessible à tous.

2 commentaires:

  1. Framboise Cannelle23 juin 2011 à 19:36

    Edifiant !! Merci de nous signaler ce livre, et cette problématique socio-économique à laquelle nous participons +/- sans le savoir. Je lirai ce livre à l'occasion.

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  2. Oui, ça t'intéresserait certainement!!!

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