Pauvre Alphonse!

Imaginez une cuisine.


Une moyenne, avec une table, trois chaises, un banc; avec un poêle électrique, un réfrigérateur, un micro-ondes...

... et des armoires...

Des petites armoires... et des grandes!!! De tellement hautes que pour en laver le dessus il faut monter sur un escabeau!!!


Maintenant... imaginez un insecte...


Un moyen, genre coléoptère, entré par mégarde par une fenêtre et perdu dans cet appartement...


Appelons-le Alphonse... 


Alphonse a volé, volé dans le but de trouver une sortie à cette prison dans laquelle il s'est involontairement enfermé... puis il s'est épuisé... et s'est étendu sur le frigo, se résignant à s'éteindre lentement.


Il a pensé à son épouse et à leurs multiples enfants attendant leur papa à l'intérieur du nid familial... et au moment où il allait rendre son dernier souffle, il a vu, jouxtant le frigo, l'armoire haute, haute... et a aperçu un minuscule espace entre le mur et ce meuble, espace tapissé de délicieuse poussière dans laquelle il parvint à se glisser...


Alphonse a pensé reprendre des forces et tout en remontant vers la sortie, en haut, il a cherché de petits morceaux de mouches ou de vermisseaux, mais rien du tout!!! que de la poussière à l'infini, du moins le pensait-il quand il est parvenu à sortir sa tête au-dessus de l'armoire... 


Son regard panoramique l'informa qu'il était devant une grande surface lisse et blanche, sans aspérités, sans poussière (un tout petit peu, peut-être) et sur le point de se décourager définitivement, il aperçut...


... la sortie!!!!!!!


Au loin, elle était là!!!!!


Sa motivation revenue, Alphonse entreprit d'extraire le reste de son corps de derrière l'armoire... mais... mais ça ne passait pas!!!!!!!!!!


Marche arrière??? Non!!!! Rien du tout!!!!


Il battit de toutes ses pattes, ses ailes frémissaient, coincées entre le mur et son pauvre dos, ses articulations crissaient, se déchiraient dans sa hâte de s'extirper de ce piège!!!!! Alphonse hurlait de son imperceptible voix, condamné à mourir en regardant au loin la porte-fenêtre donnant sur l'extérieur, sur sa famille, sa douce compagne et sa joyeuse progéniture...

Son agonie dura deux jours... et quand nous l'avons trouvé, hier matin, sa tête seule visible en haut de l'armoire portait encore les stigmates de son horrible fin... Les yeux exorbités, la bouche ouverte sur une langue déshydratée...

L'autopsie ne révéla que ce que je vous ai raconté... 


Nous l'avons laissé dehors, permettant ainsi à sa famille de lui donner une sépulture digne de ce nom.


Adieu Alphonse...