samedi 13 septembre 2008

Dans l'antichambre...

Les années ont creusé mon visage et marqué mon corps en lui imposant les stigmates de tous les événements ayant traversé ma vie...

Les grossesses ont creusé des sillons sur mon ventre amolli, ma peau amincie par le temps s'est parcheminée... Devenue translucide, elle laisse voir le réseau veineux s'affinant de plus en plus à mesure que passent les secondes et les heures, inlassables... inflexibles...

Abondantes, les larmes de toute une vie ont raviné mes joues; cependant les chagrins les plus ravageurs sont passés sans bruit, dans un sanglot intérieur retenu à toutes forces.

Je ne me lève plus que pour éviter les escarres... mes articulations grippées se déplient par à-coups alors qu'à ton âge elles glissaient encore et assuraient la fluidité de mes mouvements quand aujourd'hui leur faiblesse me donne une démarche de robot... un rythme d'escargot...

Ma mémoire me quitte tout doucement... faisant en sorte que mes regrets s'atténuent... que mes nostalgies deviennent fugaces et mes mélancolies de vagues sentiments d'abandon ne se laissant plus cerner...

Tu cherches avidement, de tes yeux craintifs, à faire revivre une femme qui n'existe plus...  et qui, jadis, te berçait tendrement...

Tu t'évertues à te rassurer... tu me regardes et tu te demandes ce tu deviendras lorsque les années qui nous séparent se seront écoulées à un rythme endiablé... Tu n'as même pas idée de la rapidité avec laquelle tu te retrouveras ici... et tu te demanderas à ton tour à quoi bon tout ça...

Tes idées seront obsolètes, tes pensées désuètes... tes remarques seront accueillies par des sourires moqueurs ou amusés... voire attendris... des instants de connivence auxquels tu ne seras pas conviée mais qui te concerneront... et ils pèseront sur toi et se feront boulet de honte et d'incompréhension...

Tu t'enfermeras tout doucement à l'intérieur même de ta tête... et tu attendras... que les années passent et que ton tour arrive...

Regarde-moi bien... imprègne-toi de ce que je suis puisque c'est un miroir que tu observes...

Mais rassure-toi... l'indifférence vient également avec le temps...

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