mardi 6 décembre 2011

Enfance et souvenirs

Depuis petite, la religion n'a jamais fait partie de mon quotidien. J'ai vu ma grand-mère maternelle se parfumes avant de partir pour la messe, j'ai assisté une fois à la messe de minuit parce que des membres de la famille y chantaient et j'ai visité quelques églises durant mes quelques voyages faits avec mon père. J'ai appris l'histoire du christianisme avec la même passion que celle de Louis XIV, de l'empire Romain ou de la civilisation maya. 

Je ne me suis jamais sentie lésée en me disant athée, en me pensant athée; cependant j'ai parfois envié la confiance que donne la foi et qui permet de voir la vie avec peut-être moins de finalité, de se dire que l'on fait partie d'un grand tout et non d'un hasard monstrueux ayant permis à des cellules de muter afin de permettre à l'humanité de se développer.


Il y a maintenant plus de deux mois que mon père est mort... et qu'est-ce que j'aimerais croire qu'il est là-haut à veiller sur ses enfants, sa famille, ceux qu'il aimait!

Mais non... je ne ressens qu'un grand vide à la place de cette rassurante certitude, bien inconsciente que même si je ne le voyais ou ne lui parlais pas souvent, je savais qu'il pensait à moi, à nous, qu'il s'inquiétait de nous. Je savais qu'en cas de gros coup dur, je pourrais compter sur lui, que je pouvais lui confier quelques difficultés, lui annoncer de bonnes nouvelles et qu'il s'en réjouirait.

Mon père n'a pas été très présent dans ma vie. Il avait son boulot, une nouvelle famille, et une difficulté à communiquer qui freinait nos possibilités de discussions.

Ce n'est qu'après mon départ, alors qu'il devenait trop souffrant pour sortir de chez lui et qu'il se mettait à s'abrutir sous les effets de la morphine qu'il a commencé à changer, je crois... et a remis ses priorités en question, ses valeurs... et s'est intéressé aux gens, à ses enfants... et à ma famille.

Mais ce petit peu que nous avions, cette chose rare et précieuse qui nous liait n'existe plus. Ce n'est qu'un souvenir pour moi, mais pas pour lui qui a perdu, selon moi, toute l'essence de son être pour n'être plus qu'une carcasse vide enfouie dans un ridicule cimetière.

Et c'est là que je réalise toute l'ampleur de cette réalité à laquelle je ne me suis jamais attardée auparavant.

Lorsque nous perdons nos parents, nous perdons le souvenir vivant encore dans leur mémoire de nos sourires de bébé, de nos frimousses enfantines. Lorsque ma mère s'en ira, qui se souviendra de tout ça? Je ne serai plus qu'une adulte, une maman, une épouse... une soeur... Mais l'enfant en moi n'existera plus que sur quelques photographies apprises par coeur... et plus jamais quelqu'un ne verra une photo de moi enfant en me disant:


- Je me rappelle de toi à cet âge!! Comme tu étais mignonne!!!


J'ai souvent, avec impatience, écouté pour la millième fois la même histoire, concernant ma grande soeur souvent; comment je coupais les cheveux de ses poupées, ou l'ourson qu'elle avait tant voulu m'apporter pendant ma sieste de nourrisson et qu'elle avait couché devant la porte de ma chambre, toutes ces petites choses qui nous agacent mais qui sont si éphémères au bout du compte, révélant leur valeur inestimable que lorsque ce qui leur insuffle la vie s'éteint pour ne plus revenir.


Alors ouvrez grand vos oreilles... et écoutez toutes ces histoires et anecdotes de vos parents et grand-parents, souvenirs vous concernant... parce qu'un jour, plus personne ne se souviendra de vos premiers pas, de vos morsures, écorchures ou premières dents, de vos premières crises ou sourires, finalement de vous au début de votre existence... et ce jour-là, vous ouvrirez tous les albums qu'inconsciemment vous avez remplis de tous ces moments qui, pris un à un ne sont que banals, mais mis bout à bout constituent une enfance, la vôtre, qui se doit de faire encore partie de vous... même adultes...


Un parent, même imparfait, même insuffisamment présent, est un liant important, un pont entre vous et votre famille... entre vous et votre passé... entre vous et vous...

16 commentaires:

  1. wow...c'est beau maman! Je t'aime, très fort!

    Clo

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  2. Je comprends bien ce que tu veux dire... et quand j'y pense, ça me fait un noeud dans la gorge... ça me fait peur ! Ce grand vide...

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  3. Je comprends Pour moi le vide est la et le cafard aussi de temps à autre

    Bisous Myriam

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  4. Et c'est la vie. C'est quand quelqu'un s'en va qu'on revoit tous les bons moments partagés avec la personne.
    Et souvent je dis que ce n'est pas ceux qui courent le plus à l'église qui deviendront plus des saints!
    Tu peux penser à quelqu'un à toute heure de la journée.
    Alors profitons un maximum de ceux qui nous entourent.
    Bisous.

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  5. Je ressens complètement ce que tu exprimes.
    Je n'ai plus que ma maman, mon papa est décédé il y a bien longtemps.
    Je n'ai pas de frères et sœurs, mes parents étant enfants uniques eux aussi, je n'ai pas de cousins, cousins, oncles, ni tantes.
    Vraiment plus personne pour se souvenir lorsque ma mère décédera ....
    Et même si nous avons eu des rapports houleux parfois, je tiens à elle comme à la prunelle de mes yeux.
    Bisous !!!

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  6. Framboise Cannelle7 décembre 2011 à 05:45

    C'est vrai, en effet ! Dur et beau comme la Vie.

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  7. Sophie: Merci beaucoup!!! Perdre mon père a fait naître beaucoup de choses en moi. Je n'imaginais pas ça comme ça!! Je t'embrasse, ma cousine!!

    Clo: Merci ma belle fille!!! Je me rappelle encore de toi quand tu étais petite!! ;o) Je t'aime très fort!!!

    Valérie: Oui, ça fait peur!!! Mais je pense que c'est en ayant peur qu'on arrive à l'apprivoiser!!! Bisous

    Myriam: Oui, je comprends!! Si tu as envie de me parler de tout ça, Myriam, écris-moi en privé! Je t'embrasse!!!

    Coco: Tu sais, je n'ai pas souvent été confrontée à la perte d'un être cher. Mes grand-parents, et j'étais déjà adulte!! J'ai eu les quatre jusqu'à 20 ans. Ensuite... un oncle que j'aimais bien mais de qui je n'étais pas proche.. et puis paf!!! Mon père!!! Grosses bises!!!

    Véronique: Je ne sais pas trop quoi te dire, ça me rend triste. Ne pas avoir de soeur, frère, famille... même si on ne les voit pas souvent, on sait qu'ils sont là, qu'ils partagent le même sang, les mêmes racines. Je t'embrasse!!!

    Framboise: Oui!!! C'est vrai!!! Bisous

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  8. Dans ma famille, j'ai déjà perdu beaucoup de monde. Mes grands-pères que je n'ai jamais connu, mes grands-mères, des tantes et oncles, mon père et mon beau-père.
    Je peux presque dire que tous les ans, il y a un décès dans la famille. En 1995, et 2001 il y a eu 4 décès en cours d'année. Et mon père en 99.
    Mais bon c'est la vie...nous venons, nous passons et nous repartons...
    Gros bisous.

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  9. Ca fait beaucoup!!! J'ai eu la chance que tout le monde autour de moi soit préservé... c'est peut-être pour ça que j'ai tant de mal à accepter la réalité de ce départ... Comme si je m'étais habituée à ce que ça n'arrive que chez les autres, inconsciemment, bien sûr puisque consciemment j'ai toujours su que ça viendrait!! Bisous

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  10. une véritable philosophie de vie, ce que tu écrit-là... tu m'aurais presque arraché une larme.
    je n'ai pas de croyance non plus, mais quand j'ai perdu des gens qui m'étais chers, j'ai toujours eu le sentiment qu'il restait là, quelque part, à veiller sur moi. en fait, avec le temps, j'ai compris qu'ils étaient resté en moi, dans mon coeur et dans mes souvenirs. nous sommes aussi là pour continuer à donner vie à nos morts...
    merci pour ce beau texte en tout cas.

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  11. Merci beaucoup!!!! Oui, certainement. Mais j'ai du mal un peu! Peut-être que ça viendra!! Bisous!

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  12. Ma chére Danielle, j'ai perdu ma maman a 16 ans et mon papa a 26 ans .Je suis la plus jeune d'une fratrie de 4 filles .J'ai fété cette année mes 50 ans entourée de mon mari et de mes 3 enfants. Et bien lorsque nous nous retrouvons a parler de nos parents, de notre enfance avec mes 3 soeurs, entre crises de fou-rires pour nos anciennes bétises et crises de larmes a cause de la perte de nos parents nous perpétuons leurs souvenirs et par la meme les faisons revivre un peu et cela nous fait je l'avoue beaucoup de bien .Je vous embrasse .

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  13. Merci beaucoup, chère anonyme, de ton commentaire. Effectivement, si j'avais pu parler de tout ça avec mes frères et soeurs, ça m'aurait fait du bien et je comprends tout à fait ce que tu veux dire. Malheureusement, mon départ depuis dix ans a fait en sorte qu'ils se sont réunis entre eux. Peut-être qu'un jour nous nous retrouverons ensemble à discuter, cependant je crains fort qu'ils aient fait leur deuil à ce moment et que je sois un peu lourde avec mes questions existentielles... On verra bien!!! ;o) J'ai appris beaucoup!!! Je me détache un peu de ces besoins, avec déchirement, mais me retourne vers mon homme et mes enfants à qui je raconte mes souvenirs!!! J'ai tout de même de l'espoir... naïf!!!! :o)

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  14. Ma chére Danielle ,je comprends que cela doit-etre plus difficile pour toi loin des tiens (fréres et soeurs) de surmonter ta peine.je t'embrasse affectueusement Michèle !!!!!

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  15. Merci Michèle!!! Je t'embrasse aussi!!!

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